A la recherche des toasts perdus : Une exposition à Paris révèle les origines des madeleines de Proust | Marcel Proust

Avant que Marcel Proust ne s’extasie devant ses madeleines. petites madeleines il s’extasiait devant un biscuit ressemblant à une biscotte et, avant cela, devant un morceau de pain rassis.

L' »épisode des madeleines », comme on l’appelle, est l’un des événements les plus célèbres de son œuvre fondatrice. À la Recherche du Temps Perdu (À la recherche du temps perdu), qui résume le thème de la mémoire involontaire.

En l’espace de deux ans, cependant, le passage a pris une saveur très différente, l’auteur français écrivant diverses versions de ses souvenirs d’enfance.

En 1907, alors qu’il travaillait sur le premier tome, Du Côté de chez Swann, c’est le trempage de l’eau de la piscine qui a été retenu. douleur rassis, un morceau de pain rassis, dans un thé qui provoquait son exaltation. Dans la version suivante, il était devenu pain grillé, ou pain grillé, puis vers 1908, c’était un biscotte, une sorte de biscuit dur.

Le reste, bien sûr, est de l’histoire littéraire.

Finalement, Proust a opté pour  » ces petits gâteaux courts et dodus[…]qui ont l’air d’avoir été moulés dans la coquille Saint-Jacques cannelée d’une coquille de pèlerin  » pour évoquer les miettes trempées dans du thé au tilleul que sa tante Léonie lui faisait manger quand il était petit.

Madeleines.
Madeleines. Photo : Hera Food/Alamy

Une nouvelle exposition destinée à marquer le 100e anniversaire de la mort de l’écrivain ouvre ses portes à Paris et retrace le processus méticuleux par lequel Proust a produit son monumental roman en sept volumes – dont le premier tome est paru en 1913 et le dernier en 1937.

Près de 350 pièces sont exposées, dont des documents inédits, des manuscrits, des photographies, des peintures, des objets et des costumes retraçant et illustrant le processus créatif de Proust au moment où il écrivait, de la fin du XIXe siècle à sa mort en 1922.

Proust préférait écrire au stylo plume dans son lit, ce qui était une bonne chose car il était souvent souffrant et a passé les trois dernières années de sa vie confiné dans sa chambre, où il dormait le jour et travaillait la nuit.

Parmi les pièces les plus extraordinaires exposées à la Bibliothèque François Mitterrand – qui fait partie de la Bibliothèque nationale de France – figurent les nombreux carnets qu’il a remplis d’une écriture cursive fluide et presque illisible, les brouillons sur des feuilles volantes de papier ligné jauni arrachées à ces mêmes livres et les dizaines de pages de manuscrits manuscrits et dactylographiés, ainsi que les épreuves d’éditeur remplies de marques d’édition, d’annotations et de révisions.

Elles révèlent un écrivain pédant et perfectionniste, un éditeur et un réviseur infatigable de son propre travail, qui s’acharnait sur un seul mot, sur des phrases entières et même sur des pages entières marquées de corrections griffonnées dans les marges supérieures, inférieures et latérales. Dans une version pré-informatique du copier-coller, Proust découpait physiquement de larges passages de texte manuscrit ou dactylographié et les collait ailleurs.

Portrait de Marcel Proust par Blanche Jacques Emile (1861-1942).
Portrait de Marcel Proust par Blanche Jacques Emile (1861-1942). Photographie : Hervé Lewandowski/supprimé

Même la première phrase du premier tome, Du Côté de chez Swann, qui est devenue l’une des ouvertures de roman les plus instantanément reconnaissables : « Longtemps, je me suis couché de bonne heureLongtemps, je me suis couché de bonne heure » a été écrit, remanié, barré, puis réintégré.

Nathalie Mauriac, l’une des commissaires de l’exposition, a déclaré qu’il avait été « très compliqué » de suivre l’ordre d’écriture de Proust. « Il a écrit le premier et le dernier tome presque en même temps et a fait de multiples changements dans l’organisation de l’œuvre », a-t-elle précisé.

« Il y a quelque chose de disproportionné dans l’ampleur de l’œuvre de Proust, comme en témoigne la matérialité même de ses manuscrits, à commencer par le célèbre… paperoles (brouillons de papier), ces accordéons de fragments de papier pliés et collés dans ses carnets. »

Elle a déclaré que le nombre énorme de manuscrits corrigés et modifiés, et d’épreuves étaient « très Proust » et témoignaient de « l’énorme quantité de travail qu’il mettait dans chaque livre… et de l’évolution de chacun ».

À la recherche du temps perdu est une autobiographie fictive dans laquelle Proust met en miroir sa propre vie, la racontant en tant que jeune garçon et en tant qu’homme âgé se rappelant sa jeunesse. Un thème central est le rôle de la mémoire et la notion que les expériences ne sont pas perdues mais restent dans l’inconscient. Les sept volumes comptent finalement plus de 3 200 pages et mettent en scène plus de 2 000 personnages différents, mais le premier a été refusé par plusieurs éditeurs, obligeant Proust à le publier à ses propres frais chez Grasset. L’œuvre est fréquemment citée parmi les plus grands livres de tous les temps.

« Proust a été le plus grand romancier du XXe siècle, tout comme Tolstoï l’a été au XIXe siècle », a écrit le romancier anglais Graham Greene.

Pour le plus grand bonheur des historiens de la littérature, Proust a conservé la plupart de ses manuscrits. Il travaillait et révisait les trois derniers tomes du roman la nuit précédant sa mort, le 18 novembre 1922, lorsqu’il mourut d’une pneumonie et d’un abcès pulmonaire, à l’âge de 50 ans. Son œuvre et ses documents passent à son frère Robert, qui assure la publication posthume des trois livres. En 1962, la fille de Robert, Suzy Mante-Proust, remet tous les documents à la Bibliothèque nationale de France.

Proust est enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris.

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