En France, 80 000 nouveaux emplois dans le nucléaire d’ici 2030, mais un manque de main-d’œuvre

Le projet d’Emmanuel Macron de construire six réacteurs nucléaires supplémentaires se heurte aux perplexités de l’industrie énergétique française elle-même. S’il est approuvé par le Parlement, le nouveau programme de développement de l’énergie atomique devra commencer par un recrutement massif d’ouvriers, d’ingénieurs, de soudeurs et d’électriciens. L’estimation des effectifs nécessaires à la mise en œuvre du plan Macron s’élève à environ 15 000 travailleurs par an, pour un total de 80 000 emplois d’ici 2030. Une véritable démonstration de la grandeur qui coûtera 50 milliards d’euros.

Dommage que la France souffre déjà d’une pénurie de main-d’œuvre dans le secteur nucléaire. À l’heure actuelle, 26 réacteurs sur les 56 que compte le pays sont déconnectés du réseau électrique en raison d’une maintenance devenue nécessaire après la découverte de problèmes d’érosion dans des centrales désormais vétustes, qui risquent de compromettre leur sécurité. Touchée durant l’été par des centrales électriques inutilisées et la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, la France a été contrainte d’embaucher de la main-d’œuvre américaine pour réparer les centrales.

La pénurie de main-d’œuvre, déjà mise en évidence par le programme d’entretien, selon l’agence Bloomberg cela risque également de compromettre dès le départ le plan de Macron pour de nouveaux réacteurs. Le besoin annuel de recrutement jusqu’en 2030, a indiqué Alain Tranzer, directeur général adjoint du géant Edf (Electricité de France), ira de 10 000 à 15 000 travailleurs supplémentaires par an. La production française d’énergie nucléaire pourrait employer environ 300 000 personnes d’ici 2030 contre 220 000 aujourd’hui, a ajouté Tranzer. Ce qui rendrait l’économie de l’Hexagone encore plus dépendante de l’énergie nucléaire et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle.

En effet, aux inquiétudes des industriels s’ajoutent les doutes sur l’effort budgétaire nécessaire pour augmenter la production d’énergie nucléaire en France, qui satisfait déjà 70% des besoins électriques du pays. Comme l’a noté le New York Times, l’entreprise publique Edf est dans une situation désespérée : en plus d’avoir une dette de près de 45 milliards d’euros, elle a récemment annoncé que ses bénéfices en 2022 chuteraient de 29 milliards en raison de problèmes avec ses réacteurs. A cela s’ajoute l’effort imposé par le gouvernement parisien à l’entreprise pour fournir de l’électricité à bas prix aux ménages et aux entreprises.

Le géant français du nucléaire poursuit l’Etat pour le plafonnement des prix de l’énergie

Un mélange de facteurs qui a conduit à une crise de l’énergie nucléaire en France, à tel point que Macron a annoncé l’acquisition des 16 % restants d’Edf pour un coût de près de 10 milliards d’euros. Une opération qui ramènera le contrôle à 100% de l’entreprise entre les mains du gouvernement, qui devra assumer l’entière responsabilité de la remise en service des réacteurs et de l’embauche de la main-d’œuvre nécessaire pour en construire six autres, dont l’un devrait entrer en production d’ici 2035. .

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