Explosion dans une rue commerçante d’Istanbul : ce que l’on sait

Un incendie et un bang alors que les gens se promènent le long de l’avenue Istiklal au cœur d’Istanbul, en Turquie. Puis la fuite due à la forte explosion survenue dans l’après-midi du dimanche 13 novembre dans un quartier central très fréquenté de la ville. En quelques instants, la Turquie a plongé dans le cauchemar du terrorisme.

Le gouverneur Ali Yerlikaya a expliqué qu’il y avait six morts et 81 blessés, mais le bilan pourrait s’aggraver dans les prochaines heures. Il n’y a actuellement aucun Italien parmi les victimes et blessés de l’explosion d’Istanbul, assure le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé « l’attaque lâche ». Peu avant de partir pour le G20 à Bali, Erdogan a déclaré que « les efforts pour conquérir la Turquie par le terrorisme ne réussiront ni aujourd’hui ni demain, comme ils ne l’ont pas fait hier ». Le dirigeant turc a parlé d’un « attentat à la bombe », promettant de punir les responsables.

Le rôle d’une femme et la bombe télécommandée

L’attentat n’a pas encore été revendiqué, mais selon CNN Turk deux hypothèses résistent : une bombe dissimulée dans un sac à dos ou un kamikaze. Les questions sont donc toujours ouvertes sur ce qui s’est passé dans l’une des rues les plus fréquentées d’Istanbul. A partir d’une première étude des images enregistrées par les caméras de surveillance, les enquêteurs ont porté leur attention sur une femme. Une version relancée par le président turc lui-même, qui ne cache pas que les autorités d’enquête avancent sur la piste du terrorisme. Erdogan, comme le rapporte Anadolu, a évoqué « le rôle d’une femme dans cette situation », sans ajouter d’autres informations.

Le vice-président turc Fuat Oktay est plus péremptoire : « Nous pensons qu’il s’agit d’un acte terroriste » et que c’est « une femme kamikaze qui a fait exploser la bombe », a-t-il déclaré dans une déclaration aux médias, promettant que le responsable de l’attentat être traduit en justice, « même s’il va à l’autre bout du monde », a ajouté Oktay.

Ensuite, il y a l’autre hypothèse, celle du sac contenant la bombe. D’après les images diffusées sur les réseaux sociaux, on voit clairement une femme déposer un sac sur un banc puis s’éloigner quelques minutes avant l’explosion. La bombe a probablement été activée à distance par la femme.

Une thèse soutenue par le ministre turc de la Justice Bekir Bozdag. « Il y a deux possibilités : soit le sac avait un mécanisme à l’intérieur pour exploser de manière autonome, soit il a explosé avec une télécommande, l’enquête suit les deux hypothèses », a précisé le ministre lors du point presse. Selon Bozdag, « une femme s’est assise sur un banc pendant 40 minutes puis s’est levée, l’explosion est survenue 1 ou 2 minutes plus tard ».

Le témoignage sur les réseaux sociaux

Plusieurs vidéos de l’explosion circulent sur les réseaux sociaux. Dans certaines, prises par des caméras de surveillance, on peut voir l’instant de l’explosion dans la rue piétonne et immédiatement après de nombreux corps ensanglantés au sol. Il y a des limitations et des ralentissements dans l’utilisation d’Internet en Turquie après l’attaque. Les problèmes d’utilisation du réseau sont également confirmés par le site Web surveillant le fonctionnement du Web « Net Blocks » selon lequel, dans les heures qui ont suivi l’explosion, l’utilisation des médias sociaux les plus populaires tels que Twitter, Facebook et Instagram était limité.

Les autorités turques ont officiellement interdit aux médias de diffuser des informations sur l’événement « pour des raisons de sécurité ». Sous prétexte de l’attaque, une nouvelle pression sur les réseaux sociaux dans le pays n’est pas exclue. Ces dernières années, la liberté de la presse en Turquie a été progressivement limitée, notamment par une loi récente qui punit sévèrement ceux qui diffusent de la « désinformation » dans les journaux et sur le web.

Le précédent en 2016

La zone de l’explosion d’aujourd’hui 13 novembre a déjà un précédent tragique. Entre 2015 et 2016, de nombreux attentats terroristes pour lesquels l’Etat islamique est accusé ont frappé Istanbul.

Et le 10 mars 2016, un attentat a provoqué un massacre en plein rue Istiklal, le cœur commercial de Taksim : un kamikaze s’est fait exploser devant le bureau du gouverneur du district, faisant cinq morts et 36 blessés, dont 12 touristes étrangers. Deux des victimes avaient la double nationalité américaine et israélienne. Le 22 mars, le ministère de l’Intérieur a déclaré que les enquêtes avaient conclu que l’Etat islamique avait organisé l’attaque.

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