La Turquie aidera à reconstruire l’Ukraine endommagée par les bombes russes

Se mettre dans la peau du médiateur entre deux chefs belligérants implique responsabilité et, surtout, objectivité. Le président turc Recep Tayyp Erdogan a enfin rencontré son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky pour la première fois depuis le début du conflit, lors d’une trilatérale à Lviv avec le secrétaire général de l’ONU António Guterres. Le président turc a rencontré Zelensky à Kiev le 3 février, quelques semaines avant le début de la guerre, et lors de la visite, il a affirmé le soutien d’Ankara à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, y compris la Crimée.

L’engagement pour la reconstruction

Le trilogue a été l’occasion de stipuler un important accord, signé entre la Turquie et l’Ukraine, pour la reconstruction des infrastructures ukrainiennes détruites pendant la guerre de Russie. L’accord, signé par le ministre ukrainien des infrastructures Oleksandr Kubrakov et le ministre turc du commerce Mehmet Mus, prévoit la création d’un groupe de travail conjoint qui coordonnera la reconstruction de structures telles que les routes, les ponts, les infrastructures d’eau et d’électricité, les hôpitaux et écoles. Pas seulement. L’engagement d’Ankara est aussi humanitaire, avec le soutien à la population civile et l’accueil des réfugiés ukrainiens en Turquie.

Le « Sultan », qui a déjà rencontré deux fois le chef du Kremlin Vladimir Poutine, se présente au monde comme le garant de cet accord international fatigant conclu entre Kiev, Moscou et Ankara le 22 juillet dernier pour permettre le blocage des exportations de céréales dans les ports de Ukraine.

Où est passé le blé ukrainien promis ?

Selon les Nations unies, 21 navires transportant au total 563 317 tonnes de matières premières agricoles, dont 451 481 tonnes de maïs, ont été autorisés à appareiller du 1er au 15 août. Mais le premier navire humanitaire affrété par l’ONU, chargé de 23 000 tonnes de blé, n’a quitté l’Ukraine pour l’Éthiopie que le 16 août dans le cadre de l’accord conclu en juillet sous l’égide de l’ONU et grâce à la médiation turque.

L’Ukraine et la Russie sont parmi les plus grands exportateurs de blé au monde, dont les prix ont grimpé en flèche depuis l’invasion russe du 24 février. Selon le Programme alimentaire mondial, un nombre record de 345 millions de personnes dans 82 pays sont confrontés à une grave insécurité alimentaire, tandis que jusqu’à 50 millions de personnes dans 45 pays sont confrontées à la famine sans aide humanitaire. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré que l’ONU augmenterait les exportations de céréales de l’Ukraine avant l’hiver.

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Peur de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia

Au centre des pourparlers entre Erdogan, Guterres et Zelensky, outre le récent accord sur l’exportation de céréales ukrainiennes, il y a aussi la nécessité d’une solution politique au conflit et la situation à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, la scène d’un échange de tirs entre les troupes russes et ukrainiennes qui fait planer le spectre d’une catastrophe nucléaire.

Existe-t-il un risque réel de catastrophe nucléaire à Zaporizhzhia ?

L’armée russe a assuré qu’elle n’avait pas déployé d' »armes lourdes » dans et autour de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhia, la plus grande centrale d’Europe, contrôlée par Moscou depuis mars et cible de plusieurs attentats ce mois-ci. Une assurance documentée, selon le Kremlin. Le ministère russe de la Défense est prêt à montrer à l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, des images en haute définition pour montrer qu’il n’a pas déployé d’armes à proximité de la centrale nucléaire.

Cependant, la centrale nucléaire reste sous les projecteurs internationaux. L’AIEA a accepté l’invitation de l’Ukraine à conduire une délégation d’inspecteurs à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, afin d’assurer la sécurité de la centrale. Cependant, Moscou considère que les propositions visant à créer une zone démilitarisée dans la zone de la centrale nucléaire sont inacceptables.

La condamnation est unanime. António Guterres fait appel au bon sens pour éviter toute action qui pourrait mettre en danger l’intégrité physique ou la sécurité de la centrale nucléaire. « Un accord est nécessaire de toute urgence pour rétablir Zaporijia en tant qu’infrastructure purement civile et assurer la sécurité de la zone », a déclaré le secrétaire général de l’ONU lors d’une conférence de presse avec les dirigeants ukrainiens et turcs, soulignant que tout dommage à la centrale nucléaire pourrait représenter un « suicide », tandis qu’Erdogan repousse le spectre d’un « nouveau Tchernobyl ».

Qu’arrive-t-il à la plus grande centrale nucléaire d’Ukraine ?

La Turquie s’est dite préoccupée par les combats en cours autour de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, espérant la fin du conflit à la table des négociations. Le dirigeant d’Ankara a alors relancé : « Nous sommes prêts à jouer notre rôle de facilitateurs et de médiateurs dans le but de reprendre les négociations » pour arriver au cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie qui avait été entamé à Istanbul. Les développements de la rencontre qui a eu lieu aujourd’hui à Lviv entre Erdogan, Zelensky et Guterres feront l’objet de discussions entre le président turc et son homologue russe, Vladimir Poutine. « Cependant, une plus grande implication de la part de la communauté internationale est nécessaire », a déclaré Erdogan, qui a confirmé la volonté de la Turquie de servir de médiateur. Le ballon est maintenant au centre du terrain.

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