Le masque, deux ans après : costumes, manières et modes

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Accessoire de mode, accessoire et révélateur des habitudes, l’appareil va au-delà de l’objectif principal pour lequel il est porté et raconte désormais aussi des caractéristiques aiguisées par l’époque habitués à son usage essentiel


As-tu compris? Je l’ai oublié. Maintenant, j’en ai toujours un de plus parce qu’on ne sait jamais. Chirurgical, Ffp2, avec et sans valve. Maintenant, vous pouvez l’enlever. Il faut maintenant les enfiler. Changes le. Ça doit être sur le nez. Mon nez me gratte. Les verres s’embuent. Qu’est-ce que vous avez dit? Déplacez-le, sinon je ne comprends pas. Je ne peux pas respirer. Tais-toi et tiens-le. Elle ne le porte jamais; il le garde toujours, même quand il est seul. La dame du troisième étage en apporte deux, l’une au-dessus de l’autre. Désolé hein, mais sans moi tu ne t’en approcheras pas : c’est une question de respect. C’est une question de principe. La loi le dit. La télé le dit.

Voulant établir une statistique, depuis environ deux ans maintenant, le mot ‘masque’ est prononcé dix à quinze fois par jour, tous les jours. De toute personne qui interagit avec le monde extérieur, mais aussi de ceux qui sont réfractaires à la sociabilité mais franchissent la porte et se demandent : « Attends, j’ai un masque ? ». Et à bas les tâtonnements, les fouilles effrénées des poches et du sac à main qui précèdent le constat qu’au contraire le voilà, bon Dieu, il est déjà là, descendu jusqu’au cou et prêt à être hissé comme un rempart contre la contagion. Désormais c’est un geste automatique, signe de l’acceptation consciente et inconsciente du devoir de se protéger et de protéger les autres : le peuple est fragilisé par le piège, elle est un passe-partout pour l’interaction indispensable tant qu’elle est prudente.

Mais bien qu’appelé à couvrir la plupart des visages, le masque est aussi devenu capable de révéler les manières de faire et de relation de celui qui le porte. Sujet de conversation, accessoire de mode, accessoire et révélateur d’habitudes, le masque va au-delà de l’objectif principal pour lequel il est porté et, discrètement, il raconte aussi des caractéristiques aiguisées par l’époque habituée à son usage essentiel.

Comme un jeune arbre parfumé

Au début, ils étaient introuvables. Les pharmacies sont prises d’assaut lorsque la gravité de la situation est annoncée et l’ingéniosité, ignorant encore la nécessité de certaines exigences, propose toutes sortes de solutions capables de suppléer aux appareils certifiés. Puis l’offre a commencé à satisfaire la demande, la situation est revenue et aujourd’hui heureusement chacun peut s’équiper d’un masque pour se protéger du virus. Le tissu en polypropylène se voit un peu partout maintenant. Sur le visage, bien sûr, là où il devrait être, mais pas seulement, puisqu’il arrive aussi de le voir s’agiter aux prises les plus curieuses. Il flotte librement accroché à une oreille, s’attache aux sacs à dos et aux ceintures, entoure les bras comme une jolie guirlande qui est partout sauf là où elle devrait. Fréquents sont donc les cockpits des voitures désormais animés par le matériau à bascule au lieu du jeune arbre parfumé sous le miroir ou tirés par le changement de vitesse, adaptés à une tige utile pour arrêter les élastiques lâches. La stérilité de l’objet nécessaire à la protection n’est désormais plus qu’un lointain souvenir, mais peu importe : « Si j’en ai besoin, au moins je l’ai », observe-t-il. le sage… C’est bon.

Le similicuir porcelaine

Il est vrai que le masque a avili l’enthousiasme de se déguiser comme autrefois, mais malheur de renoncer à la joie de se maquiller simplement parce qu’une barrière de tissu gêne le spectacle charmant pour soi et pour les autres. Mais tout aussi bien établi, les couches de fond de teint qui parvenaient auparavant à semer l’illusion d’être devant une peau de porcelaine sont désormais trahies en toute impunité par le tissu qui retient tout, gouttelettes, microparticules mais aussi crèmes répandues à profusion sur les boutons et taches cutanées. Ecco, allora che toglierla quando finalmente è possibile e riporla incautamente sotto lo sguardo dell’astante sconfessa l’attitudine a una beauty routine che prima non si sarebbe mai palesata in modo tanto eclatante, a meno di un bacio imprudente sul collo sfiorato da una camicia blanc…

Et si les lèvres dépourvues de rouges à lèvres et de crayons paient le plus pour la couverture, qui gagne c’est plutôt le regard plus que jamais sublimé par les ombres à paupières, kajal et mascara en tous genres : désormais les yeux sont les détenteurs de la tâche d’exprimer les émotions, toujours aux prises avec l’inconfort de la buée sur les lentilles qui n’est pas encore claire pour tout le monde comment l’éviter.

Par ailleurs, la tendance à l’onychophagie semble être considérablement réduite : grâce à la barrière qui rend complexe – voire contre-indiqué – le port des mains à la bouche, le déchaînement de la compulsion à se ronger les ongles est désormais bloqué dans l’œuf, avec l’agréable conséquence d’observer à quel point les ongles des femmes et des hommes sont plus manucurés que par le passé.

Vertu de nécessité

Le masque aura également contribué à la dissimulation des visages, mais pour les intolérants à l’homologation il y a la possibilité d’être reconnu grâce à des modèles qui évitent le risque de passer inaperçu. Des couleurs les plus flamboyantes aux motifs les plus originaux, des propositions de créateurs (celle avec le logo Louis Vuitton, par exemple, à porter sur l’appareil normal, coûte 250 euros) aux personnalisées avec beaucoup d’initiales, maintenant les types satisfont vraiment le droit de tous, adultes comme enfants, désormais adapté à un besoin embelli au maximum.


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