les 10 priorités de l’UE pour 2023

Tant que la guerre continuera, l’Europe n’aura pas de repos. L’invasion russe de l’Ukraine restera au sommet des priorités de l’Union européenne même dans l’année qui vient de commencer, comme elle l’est depuis l’aube du 24 février, lorsque les missiles russes ont commencé à pleuvoir sans relâche sur le sol ukrainien. Alors que des images de mort et de désespoir continueront d’affluer du pays envahi, l’UE ne changera guère sa recette à base d’armes et d’aide pour Kiev et de sanctions pour Moscou. Toutes les autres priorités de l’UE pour 2023 – à l’exception de l’improbable solution rapide au conflit – devront donner la priorité à la guerre, premier véritable point à l’ordre du jour de la nouvelle année.

Du pouvoir

La deuxième priorité, étroitement liée à la première, est la question énergétique. L’an dernier, l’enjeu des gouvernements européens, sous l’impulsion de Bruxelles, était de s’affranchir rapidement de la dépendance vis-à-vis de la Russie. La mission est presque accomplie, mais le diable est dans les détails. L’Agence internationale de l’énergie a récemment il a prévenu que l’UE pourrait manquer cette année de 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel, indispensables à la sécurité énergétique des 27 États membres. Il est donc probable que Bruxelles devra appuyer sur l’accélérateur des achats conjoints de méthane aux puissances énergétiques étrangères et continuer à investir massivement dans la production d’énergie domestique, ainsi que dans les infrastructures d’interconnexion du marché européen.

Inflation

L’augmentation des prix continuera de priver de sommeil des millions d’Européens alors qu’ils sont aux prises avec une augmentation du coût de la vie qui pourrait avoir des répercussions négatives sur l’ensemble de l’économie de l’UE. Bruxelles, au moins à ce jeu-là, devra continuer à soutenir les mouvements de Francfort, siège de la Banque centrale européenne, qui avec sa stratégie de hausse des taux d’intérêt espère mettre un terme à la course au coût de la vie même au prix de sacrifices quelques points de croissance économique. Dans tous les cas, les institutions européennes ne pourront pas rester les bras croisés étant donné que l’augmentation des coûts, en plus d’éroder les revenus des ménages, réduit déjà la puissance de feu du budget limité de l’UE. D’où l’utilisation probable de « nouveaux outils », souvent évoqués ces derniers mois mais encore à proposer officiellement, également pour répondre à la loi américaine sur la réduction de l’inflation qui, comme nous l’expliquions dans d’autres occasionspourrait aggraver les problèmes de l’économie européenne.

Accord vert

Le Green Deal, né comme la priorité numéro un de la Commission von der Leyen, a désormais glissé du podium des sujets à l’ordre du jour pour 2023. Cependant, le plan de l’UE pour éliminer les émissions polluantes d’ici 2050 continuera à jouer un rôle fondamental dans la politique bruxelloise. La Commission a promis des progrès dans les initiatives visant à verdir le secteur des transports. Dans les starting-blocks, il y a aussi « une législation pour de nouvelles techniques génomiques telles que la mutagénèse ciblée ou la cisgénèse » conçues pour contribuer « à un système alimentaire plus résilient et durable grâce à des produits végétaux innovants », lit-on dans le rapport. programme de la Commission pour la nouvelle année. Après la proposition controversée sur les emballages, Bruxelles reviendra sur la question des déchets avec une révision des règles sur le gaspillage alimentaire et l’industrie textile.

Solde

Le quatrième point à l’ordre du jour est consacré au budget, à comprendre tant au niveau national qu’européen. À la réforme prévue du Pacte de stabilité, qui doit être achevée d’ici 2023 pour éviter un retour aux règles fiscales pré-Covid, la Commission a ajouté une demande de révision du cadre financier pluriannuel européen. Ce sont les deux faces d’une même médaille : d’une part, les Etats devront s’accorder sur leurs règles budgétaires pour éviter de nouvelles crises d’endettement et garantir les investissements. D’autre part, ils devront également décider s’ils accordent de nouvelles ressources à l’UE et comment réguler leurs dépenses.

Migrants

L’augmentation des flux migratoires enregistrée au cours des derniers mois de 2022 a une nouvelle fois catapulté la question des arrivées de personnes sans titre de séjour au centre de la scène politique continentale. Le défi est toujours le même : chaque pays de l’UE voit sa propre « crise » migratoire et ne pense pas à celle des autres États. Et tandis que les bateaux continueront d’arriver à Lampedusa et les demandeurs d’asile de dormir dans la rue quelques mètres par les institutions européennes, ces dernières devront jouer leur jeu aux tables de négociation où la proposition de pacte européen pour la migration et l’asile traîne depuis septembre 2020. Comme l’a rappelé à plusieurs reprises la Commission, le nouvel accord européen pour la gestion des migrants et des demandeurs d’asile doit être approuvé d’ici la fin de la législature, c’est-à-dire d’ici les premiers mois de 2024. L’exécutif européen a défini la définition d’« une et un cadre solide pour notre système de migration et d’asile » étant donné « les événements à nos portes ».

Règle de loi

Le respect de l’État de droit restera un défi majeur pour l’Union européenne. Concrètement, Bruxelles poursuivra son bras de fer avec la Hongrie et la Pologne pour obtenir le respect du dénominateur légal minimum commun entre les pays de l’UE, sans lequel l’Union elle-même risque de se scinder. Indépendance de la justice, liberté de la presse, respect des minorités et lutte contre la corruption sont les dossiers sur lesquels un saut qualitatif est attendu des pays visés par Bruxelles, qui pourraient à nouveau user de l’arme du gel des fonds européens pour obtenir réformes.

Soins de santé

Au sortir de la phase la plus aiguë de la pandémie, l’UE doit encore faire face aux faiblesses des systèmes de santé nationaux qui sont apparues au grand jour ces dernières années. En 2023, Bruxelles espère faire avancer l’Union Santé, la recherche contre le cancer et la prévention de nouvelles urgences. Ces derniers incluent la pénurie actuelle de médicaments et les plaies ouvertes par la pandémie en termes de long-Covid et de santé mentale. Des thèmes sur lesquels Bruxelles devra couder entre les compétences nationales pour se tailler une place.

Élargissement

Le dossier de l’élargissement est revenu en tête des priorités de l’UE en raison de la guerre et dans une logique anti-Moscou. L’agression contre l’Ukraine, d’une part, a rappelé aux pays voisins de l’Union la valeur de l’appartenance à la même communauté politique. D’un autre côté, elle a réveillé la nécessité pour l’UE d’accueillir en son sein les États les plus « partageant les mêmes idées » pour se rendre à son tour plus sûre et plus cohérente.

Numérique

Le volet digitalisation en 2023 comprend un nouveau plan matières premières pour assurer un approvisionnement diversifié et favoriser le recyclage matière. Bruxelles souhaite également accélérer la formation à l’occasion de l’Année européenne des compétences qui vient de démarrer, une initiative qui vise à assurer la reconversion et l’amélioration des compétences nécessaires de la main-d’œuvre de l’UE et à attirer les professionnels du secteur numérique sur le continent.

Le Qatargate inconnu

Après les dix priorités, il y a pour Bruxelles une inconnue nommée Qatargate. Le scandale de la corruption des institutions de l’UE par des pays étrangers (les premiers concernés sont le Qatar et le Maroc) pourrait avoir des répercussions imprévisibles sur la politique européenne. Jusqu’à présent, les enquêtes menées par les autorités belges ont révélé l’implication de députés européens, d’assistants parlementaires et d’anciens membres du Parlement européen. En attendant les résultats définitifs de l’enquête et des procès qui suivront, il est légitime de se demander d’emblée ce que l’UE compte faire pour éviter de futurs scandales du même type qui menacent la crédibilité de tout le « projet européen ».

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