Macron met en garde contre la « fin de l’abondance » alors que la France fait face à un hiver difficile

Emmanuel Macron a averti les Français qu’ils sont confrontés à des sacrifices et à ce qu’il appelle la « fin de l’abondance », lors du premier conseil des ministres de son gouvernement après les vacances d’été.

Le président, qui s’exprimait devant les ministres à l’Élysée, a déclaré que le pays se trouvait à un « point de basculement » et devait faire face à un hiver difficile et à une nouvelle ère d’instabilité causée par le changement climatique et l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Son discours prudent et sombre, qui a été immédiatement critiqué par ses opposants comme étant peu judicieux et comme un affront aux chômeurs et aux pauvres du pays qui ont déjà fait des sacrifices, est intervenu après un été marqué par des températures extrêmes, des incendies de forêt généralisés, des sécheresses et des tempêtes.

M. Macron a déclaré que la France et les Français avaient le sentiment de vivre une série de crises, « toutes plus graves les unes que les autres ».

« Ce que nous vivons actuellement est une sorte de point de basculement majeur ou de grand bouleversement (…) nous vivons la fin de ce qui pouvait sembler une ère d’abondance (…) la fin de l’abondance de produits de technologies qui semblaient toujours disponibles (…) la fin de l’abondance de terres et de matériaux, y compris l’eau », a-t-il déclaré.

Il a remercié « nos pompiers, nos élus et nos agriculteurs qui ont affronté les incendies et la sécheresse ».

Macron a ajouté que la France, l’Europe et le monde avaient peut-être été trop « insouciants » face aux menaces qui pèsent sur la démocratie et les droits de l’homme et à la « montée des régimes illibéraux et au renforcement des régimes autoritaires ».

« Cette vue d’ensemble que je donne, la fin de l’abondance, la fin de l’insouciance, la fin des présupposés, c’est finalement un point de bascule que nous sommes en train de traverser et qui peut amener nos citoyens à ressentir beaucoup d’anxiété. Face à cela, nous avons un devoir, des devoirs, dont le premier est de parler franchement et clairement sans être catastrophiste », a-t-il déclaré.

Philippe Martinez, le secrétaire général du syndicat CGT, photographié en juin 2022.
‘Quand on parle de la fin de l’abondance, je pense aux millions de chômeurs, aux millions de précaires’, a déclaré le responsable du syndicat CGT, Philippe Martinez, photographié ici en juin 2022. Photo : Luc Nobout/Zuma Press/Rex/Shutterstock

Philippe Martinez, le secrétaire général du puissant syndicat CGT, a déclaré que les commentaires de Macron étaient « déplacés » et que beaucoup de Français n’avaient jamais connu l’abondance.

« Quand on parle de la fin de l’abondance, je pense aux millions de chômeurs, aux millions de personnes en situation précaire. Pour beaucoup de Français, les temps sont déjà durs, les sacrifices ont déjà été faits », a déclaré Martinez.

Les avertissements du président sont intervenus alors qu’il était révélé que les dividendes versés par les grandes entreprises françaises ont atteint un montant record de 44 milliards d’euros au deuxième trimestre 2022, en raison de bénéfices qualifiés d’exceptionnels en 2021. Selon le journal économique Les Échos, le versement de dividendes a augmenté de près de 33 % par rapport à l’année précédente et est le résultat d’un rattrapage économique post-Covid.

Macron, qui a été réélu pour un second mandat de cinq ans en avril mais a perdu sa majorité parlementaire lors des élections générales qui ont suivi, et son gouvernement sont confrontés à une situation difficile. rentrée, la rentrée traditionnelle de septembre après les longues vacances d’été en France.

Après des mois de campagnes électorales successives, son gouvernement nouvellement nommé a eu peu de temps pour se mettre en place avant les vacances, ce qui rend la rentrée parlementaire de cette année particulièrement attentive.

Le président, qui part jeudi pour une visite de trois jours en Algérie, a déclaré aux ministres que les mesures visant à faire face à l’urgence climatique et à ses conséquences ainsi que celles axées sur les énergies renouvelables doivent être une priorité cet automne, et il a appelé à une « mobilisation générale » pour y faire face.

Le Premier ministre, Élisabeth Borne, devrait donner des détails sur les nouvelles mesures lors de la conférence annuelle du Medef, le syndicat patronal français, lundi prochain.

Au début du mois, alors qu’il assistait à une cérémonie de commémoration de l’opération Dragoon, l’invasion alliée de la Provence en 1944, Macron a déclaré que cet automne et cet hiver seraient difficiles pour le pays, avec un risque de pénurie d’énergie et de prix élevés en raison de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, et que c’était « le prix à payer pour la liberté ».

Les critiques ont accusé le président de ne pas donner d’objectif clair pour son second et dernier mandat. Son gouvernement devra faire des alliances pour s’assurer que son budget 2023 soit adopté par un parlement divisé, un autre pays de l’Union européenne et un autre pays de l’Union européenne. rentrée priorité. Le gouvernement est également confronté à une bataille pour faire passer les mesures du manifeste électoral, notamment les changements du système d’allocations de chômage et des pensions, qui le mettront sur une trajectoire de collision directe avec la gauche et les syndicats, qui sont farouchement opposés à ces propositions.

Bernard Sananès, de l’institut de sondage Elabe, a déclaré que Macron préparait les Français à des temps difficiles. « C’est une sorte d’anticipation politique. Si les choses deviennent vraiment difficiles, il faut que le président l’ait annoncé à l’avance pour ne pas donner l’impression que les événements l’ont pris par surprise, lui et son gouvernement », a déclaré Sananès à l’AFP.

Le chef du parti communiste français, Fabien Roussel, candidat à la présidence plus tôt cette année, a exprimé son étonnement face au discours de Macron.  » Incroyable ! C’est comme si les Français n’avaient pas eu de soucis et qu’ils s’étaient gavés. Nous avons 10 millions de pauvres en France à cause de l’incurie du président Macron et du comportement prédateur des riches », a tweeté Fabien Roussel.

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