À propos de la Chine Scholz a raison :: Blog on Today








La Chine comme la Russie ? Un accord sur le port de Hambourg comme Nord Stream 2 ? Des questions qui plongent le gouvernement allemand dans la crise et opposent le chancelier Scholz à deux partis de la coalition enfin réunie, les Verts et les Libéraux. L’objet du litige est un accord signé il y a un an et en préparation pour l’approbation définitive d’une entrée de la société chinoise Cosco dans la gestion des conteneurs du port de Hambourg. Au total, il s’agit d’un accord contenu : la société chinoise recevra 35 % de l’un des terminaux portuaires gérés par l’allemand HHLA. Il n’y a donc pas d’entrée dans la société qui la gère et l’administre.


De la Chancellerie fédérale, ils disent que c’est une opération économique normale : la Chine est actuellement le plus grand partenaire commercial allemand (premier pour les importations, deuxième pour les exportations). En revanche, les Verts, les Libéraux et une bonne partie de l’opinion publique qui, au contraire, voient l’incapacité de Scholz à achever le tournant, la Zeitenwende, annoncé en février dernier. La Chine est une Russie plus grande, disent-ils, ses menaces contre Taïwan sont concrètes, Xi Jinping est juste plus intelligent que Poutine. Donc : le projet de Hambourg ne doit pas être fait et plus tôt nous commencerons à réduire les relations avec la Chine, mieux ce sera. Autre ennui pour la chancelière qui compte s’envoler pour Pékin début novembre dans le cadre d’un voyage d’Etat aussi important que délicat pour plusieurs raisons.


Que l’infrastructure soit stratégique et qu’elle puisse remettre en cause la sécurité nationale, c’est quelque chose de difficile à prouver : il ne s’agit « que » de partager la gestion de l’aérogare. Le foncier ainsi que l’administration et la gestion du port restent entre des mains allemandes (et en partie publiques), a répété le maire de Hambourg, intéressé par l’accord pour les conséquences économiques et l’emploi. Les détracteurs du projet pourront toujours retenir qu’au-delà de la valeur stratégique elle-même, il s’agit de l’incapacité à percevoir la menace chinoise en tant que telle et, par conséquent, à percevoir toute augmentation de la présence chinoise dans l’économie allemande comme grave et inacceptable. .


C’est une façon de raisonner pourtant discutable. D’une part, Scholz s’engage à construire, au milieu de mille difficultés et complications, une proposition pour une Europe souveraine, qui produit ici des technologies indispensables et stratégiques. Qu’elle soit le moteur de la transformation énergétique et d’une économie entièrement verte. Mais la chancelière a été claire, même au cours de son dernier discours à l’ONU : tout cela ne veut pas dire que chacun se soigne, c’est-à-dire l’autarcie. Et il a raison : penser fermer davantage l’économie mondiale, c’est s’engager sur une voie dangereuse, que les Européens connaissent bien pour l’expérience de l’entre-deux-guerres. Plus les marchés se ferment, plus la fluidité est sclérosée, plus il y a de risques de fractures graves, soudaines et ingérables.


Après la gueule de bois de la mondialisation dans les années 1990, où le monde semblait unifié par le commerce mondial et l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce, saluée comme la dernière étape vers l’intégration définitive des économies mondiales, aujourd’hui encore un simple projet lié au port de Hambourg est considérée comme un danger pour la sécurité nationale.


Malgré tout, ce serait une erreur de croire que ce qui s’ouvre est une phase marquée par des « démocraties contre les autoritarismes », aussi parce que dans cette division il y a encore beaucoup d’inconnues sur où placer une grande partie du reste du monde. Le scénario, en revanche, est plus fluide, comme en témoigne la prudence chinoise vis-à-vis de la Russie. Si en revanche on ne tient pas compte de cette fluidité, on construit déjà les blocs concurrents. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas tenir compte des terribles violations des droits de l’homme au Xinjiang, notamment clarifiées dans le rapport présenté en août dernier par l’ONU, ou les menaces contre Taïwan. Mais à qui nous n’offrirons aucune forme d’intervention si nous décidons de réduire drastiquement nos relations commerciales avec la République populaire de Chine. Au contraire.


Assemblée du Parti communiste chinois-2


Un monde de plus en plus divisé en grands espaces hostiles, en blocs, est plus proche d’une guerre. Et c’est aussi un monde dans lequel les revendications sur les revendications territoriales (lire : Taiwan) ne connaissent aucune forme de retenue. On dira : Poutine aussi a finalement choisi la guerre et avait envoyé des signaux clairs avec la guerre en Géorgie et l’annexion de la Crimée. L’objection, cependant, passe à côté d’un point : ce n’était pas le prétendu apaisement pousser Poutine à la guerre. Au contraire. Poutine a choisi la guerre en dépit le Nord Stream 2 n’était pas (encore) opérationnel.


Il y a donc une cohérence dans l’approche du Chancelier fédéral, représenté par la souveraineté européenne. Ce qui signifie d’abord définir ses intérêts. Et pour l’Europe, cela signifie une économie mondiale ouverte et un monde dans lequel exercer un rôle de médiateur et de frein en cas de radicalisation des crises. Et, donc, d’avoir une dissuasion militaire efficace : d’où les cent milliards mis par Scholz sur l’armée et la proposition d’une coordination toujours plus étroite des forces militaires continentales, pour éviter une nouvelle course folle et inutile au réarmement qui signifierait un déplacement des ressources des politiques sociales vers les politiques militaires.




L’Europe doit se préparer à cette nouvelle étape : garantir la fluidité et les mouvements des marchés est dans notre intérêt. Evitons d’inaugurer une phase de chasse aux sorcières : la Chine ne sera pas un allié, bien sûr, elle reste un concurrent. Avec qui, cependant, il est important d’entretenir des relations. Dans l’intérêt de tous.








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