Après le Qatargate, le Parlement européen « découvre » les violations des droits de l’homme au Maroc

Le Parlement européen poursuit sa tentative d’assainir son image après le scandale du Qatargate, qui a jeté une ombre sérieuse sur l’influence que des puissances étrangères pourraient avoir sur les décisions prises par l’Assemblée communautaire. Cette semaine, lors de la Plénière de Strasbourg, un débat sur les droits de l’homme au Maroc a été inséré en urgence, spécifiquement sur le traitement des journalistes et notamment sur le cas d’Omar Radi, qui est en détention préventive depuis son arrestation le 29 juillet 2020. Cela faisait des années qu’un débat sur les droits de l’homme n’avait pas eu lieu dans ce pays d’Afrique du Nord.

Le procès du journaliste, accusé d’agression sexuelle et d’atteinte à la sûreté de l’État, devait débuter en décembre mais l’audience principale a été reportée au 27 avril. Les journalistes marocains pensent que les allégations portées contre lui sont des représailles pour les reportages de Radi sur la corruption gouvernementale et d’autres sujets. Selon le Comité pour la protection des journalistes, Radi est détenu à l’isolement à la prison d’Oukacha à Casablanca, et serait l’un des quatre reporters actuellement détenus dans le pays, dont trois ont été inculpés d’infractions sexuelles.

La demande de débat en session plénière du Parlement européen a été présentée par le groupe des Socialistes & Démocrates, accusé d’être influencé par l’ancien député Antonio Panzeri et son ancien assistant (puis assistant d’Andrea Cozzolino), Francesco Giorgi, précisément sur le Maroc au-delà que sur le Qatar. Tous deux sont toujours en prison, ainsi que l’ancienne vice-présidente du Parlement Eva Kaili, compagne de Giorgi, et Niccolò Figà-Talamanca, président de l’ONG No Peace Without Justice, accusés d’avoir empoché des pots-de-vin en échange d’influence à Bruxelles et Strasbourg.

Selon les premières reconstitutions, Panzeri et les autres membres de l’organisation présumée auraient reçu des « cadeaux » non précisés d’un diplomate marocain, Abderrahim Atmoun, actuellement ambassadeur en Pologne, qui connaît l’ancien eurodéputé depuis des années et dont le rôle aurait été central. dans l’affaire.

L’un des dossiers sur lesquels Rabat serait prêt à faire pression est celui du Sahara occidental, région disputée entre le Maroc et le Front Polisario qui a proclamé son indépendance en 1976 en proclamant la République arabe sahraouie démocratique. Selon les enquêteurs, l’une des demandes adressées au réseau présumé de Panzeri était celle d’inclure le poisson pêché au large du territoire contesté que Rabat revendique comme sien dans l’accord de pêche entre l’UE et le Maroc. Cette reconnaissance a été accordée en 2019, mais la Cour de justice de l’UE a ensuite annulé la décision deux ans plus tard, dans l’attente d’un accord international sur la question.

Toujours dans cette séance plénière, le renversement d’immunité sera également évoqué, comme demandé par le procureur belge, au député belge Marc Tarabella et à Cozzolino. Le même représentant du Parti démocrate, qui se déclare totalement étranger à l’affaire, s’était déjà déclaré prêt à y renoncer.

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