Après le vote américain, l’Europe tente d’éviter une nouvelle guerre commerciale

La élections de mi-mandat aux États-Unis elles pourraient marquer le début d’une nouvelle guerre commerciale sur l’axe transatlantique. C’est ce que redoute l’Europe, quelle que soit résultats définitifs. Car, même si les démocrates résistent à l’avancée des républicains, il est désormais quasiment certain que le président Joe Biden devra faire face aux pressions de la droite. Ce que cela pourrait signifier pour l’UE s’est déjà vu à l’approche des urnes : le retour à Washington de la politique « America first », peut-être dans une version plus édulcorée que celle de Donald Trump. Mais toujours risqué pour l’économie européenne.

La Nouvelle Amérique d’abord ?

Les signes sont tous là : pour inverser la perte de soutien que les sondages avaient mise en évidence ces derniers mois, Biden et les démocrates avaient avancé des mesures qui avaient déclenché plus d’une sonnette d’alarme en Europe. La pomme de discorde est l’Inflation Reduction Act, le maxi plan d’investissement de 370 milliards de dollars de Washington qui accorde des subventions directes aux entreprises vertes américaines. Et qui contient des incitations à acheter des véhicules électriques uniquement s’ils sont fabriqués aux États-Unis.

Pour les Etats de l’UE, il s’agit de « mesures discriminatoires » notamment pour les constructeurs automobiles européens. La mesure prévoit un incitatif pouvant aller jusqu’à 7 500 $ pour ceux qui veulent acheter une nouvelle voiture électrique. Pour l’obtenir, le consommateur doit acheter un véhicule rigoureusement assemblé en Amérique du Nord et contenant une batterie contenant un certain pourcentage de métaux extraits ou recyclés aux États-Unis, au Canada ou au Mexique. En fait, les voitures produites dans l’UE ou en Asie sont exclues de l’incitation.

« C’est une question qui inquiète de nombreux pays et entreprises, que j’ai soulevée avec nos partenaires américains ces dernières semaines. Il semblerait que bon nombre des subventions vertes requises par la loi pourraient discriminer les industries de l’UE dans l’automobile, les énergies renouvelables, les batteries et énergivore », a confirmé le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, en charge du commerce international.

Bruxelles a tenté ces dernières semaines de jeter de l’eau sur le feu, rappelant le « nouveau départ » dans les relations entre les Etats-Unis et l’UE avec la victoire de Biden en 2020 : la hache de guerre (commerciale) avait été enterrée après le long bras de fer la guerre de Trump portait sur l’acier, les avions et le Green Deal. Et la guerre en Ukraine avait conduit à la consolidation d’une ligne directe entre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et la Maison Blanche : le résultat le plus évident était l’accord sur le gaz, avec les États-Unis qui s’engageaient à verser leur GNL en Europe pour faire face à la réduction des approvisionnements en provenance de Russie.

La question du gaz

L’engagement a été maintenu : plus du double du nombre de cargaisons de GNL livrées en 2021 à partir des réserves américaines sont arrivées en moins d’un an.Des personnalités de la France et de l’Allemagne, dont le chancelier allemand Olaf Scholz, la solidarité américaine a été accordée au prix fort : les stars and stripes energy companies font d’énormes profits, profitant de la possibilité d’imposer des prix encore dix fois plus élevés que ceux enregistrés dans le 2021. Après avoir suivi le mécontentement, Berlin et Paris ont également publiquement battu Washington sur le gaz, demandant effectivement de réduire les prix de leur GNL.

Les déclarations dans la presse sont arrivées en même temps que la loi sur la réduction de l’inflation, ce qui n’est certainement pas un hasard. Si Bruxelles continue de faire preuve d’attentisme avant d’accuser les Etats-Unis de protectionnisme, la France et l’Allemagne ne semblent pas vouloir réagir avec la même diplomatie. Paris a déjà brandi le spectre d’une plainte au siège de l’OMC, c’est-à-dire l’Organisation mondiale du commerce où pendant des années, notamment à l’époque Trump, se tenait le différend entre les géants aéronautiques Boeing et Airbus.

Le Ttip est-il de retour ?

Berlin a plutôt proposé de relancer les pourparlers sur le Ttip, le traité de libre-échange entre les États-Unis et l’UE qui a échoué en raison de la résistance interne du Vieux Continent. A première vue, la position de l’Allemagne semble moins belliqueuse, mais en réalité, elle Remarque Politico, en relançant les pourparlers sur le Ttip, le risque est d’ouvrir une sorte de boîte de Pandore d’où sortiraient toutes les vieilles frictions transatlantiques qui ont bloqué le traité. En d’autres termes, il y a un risque d’ajouter de l’huile sur le feu, plutôt que de réduire les flammes.

C’est ce que redoute la Commission européenne, qui a en effet préféré créer un format plus souple pour traiter des relations commerciales avec les Etats-Unis, le Council for Trade and Technology, confié au directeur de cabinet de von der Leyen. Ce qui va se passer maintenant est difficile à prévoir. Il y a la guerre en cours en Ukraine et la nécessité pour l’Europe de consolider l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié auprès de partenaires fiables et, espérons-le, à moindre coût. Il y a la Chine, l’ennemi numéro un des républicains pro-Trump, mais avec qui l’Allemagne n’entend pas couper le cordon. Et dans tout cela, il y a l’avenir de l’Occident à l’épreuve de la transition écologique. La stabilité politique serait nécessaire, en Europe comme aux États-Unis. Mais le vote de mi-mandat semble mener dans une autre direction.

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