« Boom des arrivées illégales liées à la délinquance »

Affrontement diplomatique sur l’axe Londres-Tirana après les accusations de la nouvelle ministre de l’Intérieur britannique, Suella Braverman, qui a signalé l’augmentation anormale des arrivées de migrants clandestins albanais au Royaume-Uni via la Manche, d’environ 800 en 2021 à près de 12 000 cette année. Pour Braverman, la raison de cette croissance exponentielle serait liée à la présence de la mafia albanaise dans le pays, qui en plus du marché de la drogue aurait étendu ses activités au trafic d’êtres humains. Des accusations détestées par le Premier ministre albanais Edi Rama, qui s’en est pris sur Twitter à ce qu’il a qualifié de « rhétorique criminelle » du gouvernement britannique pour utiliser ses concitoyens comme boucs émissaires pour cacher l’échec des politiques anti-immigration de Londres.

Données de Londres

La confrontation diplomatique porte avant tout sur les données. Les Britanniques confirment tout d’abord qu’avec le Brexit, le phénomène des barges de migrants illégaux tristement connu en Méditerranée est désormais une réalité consolidée également dans la Manche : de plus en plus de véhicules de fortune partent des côtes de France, de Belgique et de Hollande. La dernière en date, samedi dernier, a amené environ un millier de migrants à Douvres, où le lendemain un citoyen britannique a lancé une bombe incendiaire sur le centre d’accueil local, avant de se suicider. Au total, environ 40 000 personnes sont arrivées sur des bateaux au Royaume-Uni depuis le début de l’année, contre 28 000 l’année dernière. L’une des promesses du Brexit, chère aux conservateurs au pouvoir, était de stopper l’immigration clandestine, qui de l’avis des brexiters était due aux politiques de l’UE. Ce qui se passe dans la Manche est donc une cause de grand embarras pour le gouvernement.

Les liens avec la criminalité

En réponse à la polémique suscitée par les événements de Douvres, l’exécutif a publié des statistiques détaillées sur ces arrivées, indiquant qu’un peu moins d’un tiers des migrants débarqués sont des ressortissants albanais. Sur certains petits bateaux, a ajouté le ministre de l’Immigration Robert Jenrick, la part des Albanais serait de 80%. Selon Braverman, il s’agit surtout de jeunes hommes célibataires qui faisaient partie de gangs criminels organisés ou impliqués dans des activités criminelles telles que la drogue. Le soupçon des autorités britanniques est que la mafia albanaise a étendu ses activités à la traite des êtres humains outre-Manche, transportant non seulement des compatriotes.

La réplique de Tirana

Pour Tirana, cependant, ces reconstructions ne seraient qu’une tentative de panser les difficultés du gouvernement : « Le Royaume-Uni devrait combattre les gangs criminels de toutes nationalités et cesser de discriminer les Albanais pour excuser les échecs politiques », a écrit Edi Rama sur Twitter. . Le Premier ministre albanais a ajouté que 70% des 140 000 Albanais qui se sont installés en Grande-Bretagne ces dernières années vivaient auparavant dans des pays européens comme l’Italie et la Grèce et n’avaient pas voyagé directement depuis l’Albanie. Selon Rama, 1 200 d’entre eux étaient des hommes d’affaires : « Les Albanais au Royaume-Uni travaillent dur et paient des impôts », a-t-il déclaré. Si Londres veut plus d’aide pour résoudre le problème des migrants, a conclu le Premier ministre, elle doit traiter l’Albanie avec « respect ». Depuis 2021, un accord bilatéral est en vigueur entre les deux pays pour le rapatriement des migrants albanais ayant commis des délits.

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