Comment la loi européenne sur les emballages va changer nos habitudes

Prendre un café à emporter dans un gobelet en plastique ou jeter les contenants d’un dîner commandé à la maison à la poubelle pourrait devenir une chose du passé. La Commission européenne présentera aujourd’hui les nouvelles règles sur la réutilisation des emballages dans le cadre d’un vaste paquet législatif sur l’économie circulaire. Les propositions de Bruxelles ont jusqu’à présent principalement concerné l’industrie de l’emballage, un secteur important du Made in Italy, qui a ouvertement combattu les choix de la Commission en obtenant un revers partiel. Mais qu’est-ce qui va changer pour les consommateurs ?

Des contraintes moins strictes sur les emballages : demi-victoire pour l’Italie et le lobby du plastique

Étant entendu que les commissaires européens n’ont pas encore adopté le paquet, selon les prévisions, les nouvelles règles introduiront des objectifs minimaux pour la réutilisation des emballages. Reprenant l’exemple du café à emporter, Bruxelles devrait exiger qu’au moins deux tasses sur dix d’ici 2030 (et huit sur dix d’ici 2040) soient fabriquées dans un matériau permettant la réutilisation. Il est donc probable que les premiers bars qui s’adapteront aux nouvelles règles commenceront à demander une « caution » à la sortie du produit qui sera restituée lors du retour du gobelet lavable et réutilisable au comptoir.

Un système qui rappelle en quelque sorte ce qui se passe déjà dans divers concerts ou festivals où les clients doivent payer pour avoir un verre réutilisable qui les accompagne pendant toute la durée de l’événement, au terme duquel deux options subsistent : garder le verre pour continuer à utiliser à la maison ou rapportez-le à la caisse pour récupérer votre billet. Quoi qu’il en soit, un verre qui n’est pas jeté par terre ou à la poubelle est une situation écologiquement gagnant-gagnant. Le succès d’un système de ce type à l’échelle européenne dépendra de nombreux facteurs, dont le premier est la réaction des consommateurs.

« La pression mondiale sur la durabilité exercée par les régulateurs et les consommateurs suscite un regain d’intérêt pour les solutions réutilisables au sein de la chaîne de valeur de l’emballage », a noté une étude récente publiée par McKinsey. Cependant, « sans changement de trajectoire, nous nous attendons à ce que le marché mondial n’atteigne qu’une pénétration de 5% ou moins d’ici 2030, bien que cela varie selon la région et l’utilisation finale », a noté le cabinet de conseil.

Les facteurs susceptibles d’inverser la tendance « incluent la demande croissante des consommateurs pour des solutions véritablement circulaires, la réglementation favorisant la réutilisation et l’adaptation des produits et des magasins pour accueillir les emballages réutilisables ».

Du point de vue de la réglementation, certains pays de l’UE sont déjà intervenus. Par exemple, « des objectifs spécifiques de réutilisation ont été introduits en France (5% d’ici 2023 et 10% d’ici 2027) avec un accent plus marqué sur la normalisation des conteneurs en tant que catalyseur. Et à partir de janvier 2023, il sera également interdit de servir des solutions à usage unique  » . La poussée du législateur vers la réutilisation s’est déjà fait sentir en Allemagne où « les restaurants, bistrots et cafés qui vendent des plats ou des boissons à emporter à partir de 2023 seront obligés de proposer leurs produits également dans des emballages réutilisables ». D’où l’action de l’UE qui vise à aligner toute l’Europe sur les normes fixées par les deux grandes économies, en les portant à un niveau encore plus ambitieux. Il reste à voir comment et quand ces changements auront un impact sur la vie quotidienne des citoyens européens.

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