Comment l’Espagne a réduit les contrats précaires à un niveau historiquement bas

En Espagne, les contrats précaires se font de plus en plus rares : si ces dernières années, ils représentaient en moyenne 30 % des contrats conclus, en novembre la part était de 15,6 %. Mérite de la réforme du travail introduite par le gouvernement de centre-gauche dirigé par Pedro Sanchez. La nouvelle législation a entraîné une numéro d’enregistrement de contrats à durée indéterminée, mais il reste encore des incertitudes à lever et des controverses sur les données du chômage.

L’objectif principal de la réforme, entrée en vigueur fin 2021, était de répondre au problème de la précarité et des contrats ultra-courts, qui représentaient une réalité endémique et difficile à affronter pour le pays. Les premiers résultats sont encourageants avec une augmentation des CDI. Contribuent également au succès du « CDI » le durcissement des sanctions, instauré en avril, pour sanctionner les abus : les contrats plus courts sont ainsi devenus plus chers, avec une hausse des cotisations sociales.

Qui sont les bénéficiaires

Les jeunes semblent avoir le plus profité de cette réforme : si en novembre 2021, l’intérim représentait environ la moitié des affiliés à la sécurité sociale dans la tranche d’âge 20-30 ans, désormais les contrats précaires pour les plus jeunes représentent 25 %. Au niveau territorial également, on observe une baisse généralisée du taux d’emploi temporaire, notamment dans les communautés autonomes du sud, où il est plus élevé.

Le ministère du Travail et le ministère de la Sécurité sociale ont souligné que le changement est « structurel », c’est-à-dire qu’il est destiné à durer dans le temps et à affecter la structure du marché du travail. Les données montrent que l’emploi temporaire diminue dans tous les secteurs, avec une plus grande intensité dans certains secteurs où il était plus élevé, comme la construction et le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Cependant, il reste encore beaucoup de travail à faire, notamment dans le secteur public, qui ne s’améliore pas au même rythme que le secteur privé. En outre, par rapport au reste de l’UE, l’Espagne a toujours le deuxième taux d’emploi temporaire le plus élevé du bloc, à 20,2 % au troisième trimestre, contre 13,8 % pour la moyenne des États membres.

Controverses et critiques

Les spécialistes soulignent qu’il faut plus de temps, voire des années, pour évaluer correctement les effets à long terme de la législation. Il est encore trop tôt pour savoir si ces changements entraîneront une plus grande stabilité et des salaires plus élevés pour les travailleurs. Il faudra attendre et observer les effets réels de la réforme sur la vie des gens pour déterminer si elle a réellement été bonne.

La réforme du travail adoptée l’année dernière a également suscité quelques critiques, en particulier de la part de ceux qui ont affirmé qu’elle conduirait à moins de signatures de contrats et, par conséquent, à la destruction d’emplois. Cependant, les données disponibles à ce jour semblent réfuter ces inquiétudes. En effet, s’il est vrai qu’en novembre 2022 le nombre de contrats signés était inférieur de 29,5% à celui du même mois de 2021, il est également vrai que cette diminution ne s’est pas traduite par une perte d’emplois.

En revanche, les inscriptions à la sécurité sociale sont supérieures d’un demi-million au chiffre prévu pour 2021, et les données de l’enquête sur la population active (EPA) sont similaires. De plus, la réforme du travail semble avoir eu un effet positif sur la proportion de jeunes titulaires d’un contrat à durée indéterminée.

En ce qui concerne les données sur la durée moyenne des contrats, celles-ci restent contradictoire, certaines sources signalant une augmentation de la durée moyenne des contrats et d’autres une diminution. D’une part, la Sécurité sociale rapporte que la durée moyenne des contrats jusqu’à la mi-novembre était supérieure de 48 jours à celle de la même période en 2019, ce qui pourrait indiquer une augmentation de la stabilité des CDI. qui utilise les données de l’Institut national de la statistique – estime que la durée moyenne des nouveaux contrats créés au troisième trimestre était de 45 jours, la plus faible depuis 2006, ce qui pourrait indiquer une moindre stabilité des nouveaux contrats.

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