Des scanners chinois vont contrôler les eurodéputés et les manifestations à Strasbourg

« Chaque fois que nous faisons l’aller-retour depuis Strasbourg, une entreprise publique chinoise scanne nos sacs. » C’est l’alarme lancée par Bart Groothuis, membre libéral du Parlement européen et ancien responsable de la politique informatique au ministère néerlandais de la Défense, le Twitter. Selon les informations de Politico, un nouveau contrat entre l’aéroport de Strasbourg (habituellement fréquenté par des membres du Parlement européen) et la société chinoise Nuctech fait ressurgir les inquiétudes en matière de sécurité.

Selon les allégations, la société gagnante du contrat serait soumise au contrôle de l’État chinois, ce qui poserait des risques de cybersécurité car cela permettrait aux autorités de Pékin d’accéder aux informations commerciales et aux passagers. « L’État chinois a un programme agressif d’espionnage et de vol de propriété intellectuelle dirigé contre l’Occident », a déclaré Groothuis. « Si vous voulez que les données de scan de l’aéroport soient entre les mains des Chinois, allez-y. Mais si vous voulez arrêter ce non-sens, arrêtez-le maintenant. »

Groothuis écrit une lettre avec Nathalie Loiseau, eurodéputée libérale française et présidente de la sous-commission défense et sécurité du Parlement européen, aux élus locaux de Strasbourg. « Nous devrions opérer sur la base d’une liste unique de menaces étatiques comprenant au moins la Russie, la Chine et l’Iran. Cette liste sert de point de départ faisant autorité mais flexible pour des politiques ou des mesures spécifiques de tous les départements face aux menaces de l’État », écrit l’eurodéputé néerlandais dans un document publié sur Twitter.

Liens avec Pékin

Nuctech est une entreprise qui entretient des liens étroits avec l’élite militaire et politique chinoise et est responsable des contrôles de sécurité dans certains des aéroports, passages frontaliers et événements diplomatiques les plus sensibles au monde. La société, tel que rapporté par l‘Presse associée est née de l’Université Tsinghua, une université de recherche publique d’élite à Pékin fondée en 1911. En 2012, Forbes a qualifié l’université d ‘«usine de puissance» chinoise pour le grand nombre d’hommes politiques chinois qu’elle compte parmi ses anciens, dont le dirigeant chinois Xi Jinping, ancien président Hu Jintao, l’ancien premier ministre Zhu Rongji, l’ancien gouverneur de la banque centrale Zhou Xiaochuan et l’ancien ministre des Finances Lou Jiwei. L’entreprise se définit comme une « entreprise high-tech chinoise responsable » basée sur « l’innovation indépendante ». Mais la structure de l’entreprise est si complexe qu’il est difficile de distinguer les lignes d’influence, de responsabilité et de contrôle. Ce qui est clair, cependant, c’est que l’entreprise entretient des liens très étroits avec les intérêts universitaires et de sécurité nationale du Parti communiste chinois.

Le « non » du Canada et des États-Unis

En juillet 2020, un examen de sécurité du gouvernement canadien a révélé que les scanners de sécurité à rayons X de Nuctech pouvaient être utilisés pour collecter et transmettre secrètement des informations, compromettre des appareils électroniques portables ou modifier les résultats pour permettre le transit d’appareils « infâmes ». En conséquence, les autorités canadiennes ont rejeté l’offre de Nuctech de fournir des équipements de balayage à rayons X à plus de 170 missions diplomatiques canadiennes dans le monde, invoquant une « menace élevée » d’espionnage. Même décision prise par les États-Unis, qui ont interdit pendant un certain temps les équipements de Nuctech, d’abord de manière informelle, puis, en 2020, avec la décision du département du Commerce d’ajouter l’entreprise à la liste noire du Bureau de l’industrie et de la sécurité.

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