Enfant maltraitée, violée et battue : l’histoire de Valérie, que « personne n’a jamais protégée »

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En 2016, Valérie Bacot a tué son mari après des décennies d’abus sexuels, physiques et émotionnels, qui ont commencé alors qu’elle n’avait que 12 ans et qu’il était le partenaire de sa mère. Le processus va commencer pour elle dans quelques mois et il y a une mobilisation en faveur d’elle


Valérie Bacot, une femme accusée en 2016 d’avoir tué son mari violent, sera jugée en France en juin prochain. Une histoire qui a beaucoup marqué l’opinion publique française depuis son explosion : pendant des années, Valérie Bacot avait été victime de son mari, qui l’avait abusée depuis qu’elle avait 12 ans, puis l’avait épousée, continuant de lui faire subir des abus sexuels, physiques et psychologiques. .

Un comité de soutien a été constitué pour Valérie Bacot, avec une pétition qui en quelques jours a dépassé 70 mille signatures et le soutien de diverses personnalités politiques, comme l’ancienne ministre des droits des femmes puis de l’éducation Najat Vallaud Belkacem, qui a fait appel directement au président français Emmanuel Macron.

La vie infernale de Valérie Bacot depuis le jour de sa rencontre avec Daniel Polette

Le 13 mars 2016, Valérie Bacot, 36 ans, tue son mari Daniel Polette, de 25 ans son aîné, puis inhume son corps à La Clayette, commune française d’un peu moins de deux mille habitants du département de Saône-et-Loire dans la région de Bourgogne-Franche-Comté. Daniel Polette avait été l’amant de la mère de Valérie et avait commencé à la maltraiter alors qu’elle n’était qu’une enfant.

Les attitudes ambiguës de Polette envers cette fillette de 12 ans passent inaperçues et au bout de deux ans, grâce à une plainte, une enquête est ouverte. Polette a été condamné à quatre ans de prison en 1995, pour être libéré deux ans et demi plus tard. Alors qu’il est en prison, Valérie est contrainte par sa mère de lui écrire et de lui rendre visite. A sa sortie, Polette revient incroyablement vivre avec Valérie et sa mère et les violences reprennent. A 17 ans, la jeune fille tombe enceinte de son beau-père : la mère, qui pendant des années a fait semblant de ne pas voir, ne poursuit pas son compagnon mais sa fille, qui se retrouve alors seule avec Daniel Polette. Le couple s’installe non loin de là, à Baudemont. Valérie et son ex-beau-père se marient, elle donne naissance à quatre enfants, alors que peu à peu tous deux perdent contact avec leurs familles respectives, fermant de plus en plus et limitant les relations avec l’extérieur au strict minimum.

Baudemont est une petite ville de 650 habitants, où tout le monde se connaît. Le comportement réservé de Polette est frappant, mais personne ne semble se soucier de cette femme réservée et souffrante. Valérie ne travaille pas ; lorsque la municipalité lui propose un emploi d’agent d’entretien après seulement deux semaines, l’expérience prend fin, car elle a été contrainte de faire de nombreuses absences pour « raisons familiales » et parce que son mari ne voulait pas qu’elle travaille. Derrière les murs de la maison Polette, l’enfer. Un calvaire que Valérie a raconté aux enquêteurs après son arrestation : coups, violences, humiliations même envers ses enfants. Daniel Polette l’aurait également forcée à se prostituer : il recrutait lui-même des clients avec des annonces dans le journal ou dans des stations-service à une trentaine de kilomètres de chez lui, où il laissait ces hommes avoir des relations sexuelles avec sa femme dans un minivan, alors qu’il « mettait en scène « Tous donnent ». directions vers Valérie avec un casque. C’est juste après l’une de ces rencontres que Valérie tue Daniel Polette, lui tirant une balle dans la nuque, après avoir tenté en vain de l’empoisonner quelques heures plus tôt. Avec deux de ses enfants, âgés de 16 et 17 ans, et le petit ami de sa fille de 16 ans, Valérie cache le corps de Daniel Polette dans un bois derrière le château de La Clayette. Le corps de Polette est découvert 17 mois plus tard. Lorsque les gendarmes vont l’arrêter, Valérie avoue avoir tué son mari et raconte sa vie depuis qu’elle a rencontré Polette. Aux enquêteurs, Valérie révèle que son mari avait commencé à faire des allusions sexuelles à sa fille. Valérie et les garçons sont arrêtés. Pour les trois jeunes, tous mineurs au moment des faits, en décembre 2019 le tribunal de la jeunesse a prononcé une peine de six mois avec sursis. Elle, accusée de meurtre, après un an de prison est libérée sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès : elle risque la réclusion à perpétuité.

« Il n’y a jamais eu personne pour protéger Valérie Bacot »

« Cette femme n’était pas programmée pour être violente, elle l’est devenue malgré elle et surtout à cause de la mauvaise protection dont elle bénéficiait depuis l’âge de douze ans et même avant. C’est une enfant abandonnée à elle-même et les autorités ont accordé à cet homme le pouvoir écrasant de faire d’énormes dégâts en toute impunité. Personne n’était là pour la protéger, ni dans l’enfance ni à l’adolescence. Sa mère était complice des folies commises par son beau-père », raconte-t-il. Le Figaro Janine Boneption, l’une des deux avocates de Valérie Bacot, qui attend d’être jugée en juin prochain, a retrouvé un emploi dans le BTP.

La mobilisation dans son soutien a beaucoup ému Valérie Bacot. Pour elle « c’est une chose complètement nouvelle puisqu’elle n’avait jamais reçu la moindre preuve d’amour mais elle avait toujours vécu isolée, presque chancelante dans la vie », explique Boneption.

L’histoire de Valérie Bacot fait en quelque sorte écho à celle de Jacqueline Sauvage, la femme de 70 ans qui en 2016 a obtenu la grâce du président François Hollande après avoir été condamnée à dix ans pour le meurtre de son mari, qu’elle avait abattu après avoir appris le suicide de son fils, victime d’exactions telles que trois autres filles. Mais les deux cas sont très différents pour Bon Aggius. « Hormis le meurtre de son propre mari, les deux histoires n’ont rien en commun. L’histoire de Valérie est bien plus tragique car elle n’avait que douze ans lorsqu’elle a rencontré son tortionnaire, alors que Jacqueline en avait 17. Valérie Bacot n’a jamais pu, à aucun moment de sa vie, donner le moindre consentement. Enfant, elle était entourée d’éducatrices qui auraient dû l’éloigner de cette mère qui permettait beaucoup de choses, mais personne ne s’en est jamais occupé. C’est ce que je dénonce ».

Lorsque Daniel Polette disparaît soudainement, personne ne semble vraiment se soucier de lui. Un homme au caractère difficile, avec derrière – avant même de rencontrer Valérie – de lourds récits d’abus, d’inceste, de violences sexuelles. FranceInfo a consacré un long et détaillé reportage à Valérie Bacot, reconstituant sa vie et recueillant les témoignages de ceux qui l’ont rencontrée et de Daniel Polette. Beaucoup savaient ce qui se passait et savaient que la mère de Valérie était au courant (beaucoup la tiennent pour responsable de tout ce qui s’est passé ensuite). Même lorsque le couple s’installe dans le petit Baudemont, les voisins peinent à entrer en contact avec eux. Tout en percevant qu’il devait se passer quelque chose d’étrange derrière les murs de la maison Polette, beaucoup l’ignorent : « C’est une affaire de famille ». Lorsque l’histoire de Valérie Bacot est officiellement devenue publique, impossible de ne pas se demander quel a été le prix de ce silence. Un livre sur l’histoire de Valérie devrait sortir en mai, au titre emblématique : « Tout le monde savait ».

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