Les alliés de Macron préviennent que la victoire n’est pas certaine alors que l’avance sur Le Pen augmente dans les sondages.

Les principaux alliés politiques d’Emmanuel Macron se sont alignés pour mettre en garde contre toute complaisance dans la course à la présidence française, affirmant que le président sortant n’est pas certain de gagner malgré les sondages indiquant que son avance sur son adversaire d’extrême droite, Marine Le Pen, s’accroît.

« La partie n’est pas finie et nous ne pouvons certainement pas tirer la conclusion … que cette élection est déjà décidée », a déclaré le Premier ministre français, Jean Castex, à la radio française, cinq jours avant le second tour de dimanche.

« Nous devons convaincre les Français que les programmes d’Emmanuel Macron sont les meilleurs pour la France et pour eux. On met Emmanuel Macron et Marine Le Pen sur le même plan, mais il y a des différences énormes entre eux. »

Le prédécesseur immédiat de M. Castex, Édouard Philippe, aujourd’hui maire de la ville du Havre (nord de la France) et, selon un récent sondage, l’homme politique le plus populaire de France, a également déclaré qu’il ne fallait rien prendre pour acquis étant donné les nombreuses « inconnues » de l’élection – plus particulièrement une possible faible participation.

Philippe a dit Le Figaro que le « front républicain » français, l’alliance des électeurs de centre-droit et de centre-gauche qui a jusqu’ici exclu l’extrême droite du pouvoir, n’était manifestement « plus un réflexe naturel, sans doute dû à la fatigue ».

François Bayrou, un autre soutien de poids de Macron, a déclaré à La République des Pyrénées qu' »à ce stade, aucun des deux candidats ne peut gagner. Tout est possible. Nous avons tous vu des électeurs faire des choix que les historiens considéreront plus tard comme fous. »

Macron lui-même a clairement indiqué lundi soir qu’il ne considérait pas l’élection comme déjà gagnée, rappelant les séismes politiques de 2016, lorsque les électeurs britanniques ont choisi de quitter l’UE et que l’électorat américain a placé Donald Trump à la Maison Blanche.

« Repensez à ce que disaient les citoyens britanniques quelques heures avant le référendum sur le Brexit, ou aux États-Unis avant l’arrivée du vote Trump : ‘Je ne vote pas. Quel est l’intérêt ?' » Macron a déclaré à l’émission télévisée C à vous. « Je peux vous dire que le lendemain, ils l’ont regretté. Si vous voulez éviter l’impensable ou quelque chose qui vous révolte, choisissez vous-même. »

Les sondages suggèrent que depuis le vote du premier tour le 10 avril, l’examen accru du manifeste de Le Pen – en particulier ses propositions de « préférence nationale » en matière d’emploi, de protection sociale et de logement, qui, selon les experts, violeraient les lois françaises et européennes sur l’égalité, et pour l’économie, décrites par les économistes comme dangereuses – ont ralenti sa progression.

Marine Le Pen pose pour une photo avec un membre du public lors d'une visite de campagne à Saint-Remy-sur-Avre, dans le nord-ouest de la France, samedi.
Marine Le Pen pose pour une photo avec un membre du public lors d’une visite de campagne à Saint-Remy-sur-Avre, dans le nord-ouest de la France, samedi. Photo : Alain Robert/SIPA/Rex/Shutterstock

L’avance prévue de Macron pour le vote décisif du second tour de dimanche est désormais de huit ou neuf points de pourcentage en moyenne dans tous les sondages, le dernier en date, publié mardi, suggérant que l’écart s’est creusé de huit à 12 points depuis vendredi.

Le ministre français des finances, Bruno Le Maire, a déclaré mardi à la radio Europe 1 que Mme Le Pen, qui a longtemps exprimé son admiration pour la Russie et accepté des prêts de banques russes, « remettrait la souveraineté de la France à Vladimir Poutine » si elle était élue.

« J’ai entendu les propositions de politique internationale de Marine Le Pen… C’est la fin de la souveraineté française », a déclaré M. Le Maire, ajoutant que sa victoire entraînerait une alliance avec Poutine, une absence de protection de l’Otan et une coupure des liens avec l’Allemagne.

M. Castex a déclaré que son gouvernement remettrait sa démission si M. Macron était réélu président, dans le but de donner un « nouvel élan » au parti centriste La République En Marche du président à l’approche des élections législatives de juin.

Le vote de juin sera un autre test majeur de la popularité de Macron, et le renouvellement de sa majorité sera essentiel s’il veut poursuivre son programme réformiste, y compris une refonte controversée du système des retraites.

Macron et Le Pen s’affronteront mercredi soir lors du débat télévisé en direct du second tour, traditionnellement un moment clé des élections présidentielles françaises, qui pourrait s’avérer crucial pour conquérir des millions d’électeurs, en particulier à gauche.

Le Pen aurait répété avec ses plus proches collaborateurs mardi dans le but d’éviter la performance désastreuse qui a été largement considérée comme ayant précipité sa défaite en 2017.

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