Les États-Unis et l’UE imposent la paix entre la Serbie et le Kosovo, gardant les vents de la guerre à distance (pour l’instant).

Le calme revient dans les Balkans. Le Kosovo a rouvert son plus grand poste frontière avec la Serbie après que les Serbes protestataires du nord du pays se sont engagés à supprimer les barrages routiers, atténuant une vague de tensions qui a fait craindre une guerre et alarmé les puissances mondiales. L’Union européenne et les États-Unis ont fait pression sur Pristina et Belgrade pour qu’ils se retirent d’une confrontation croissante qui a vu la Serbie mettre son armée en état d’alerte maximale.

La représentante des Nations unies au Kosovo, Caroline Ziadeh, s’est dite confiante que les relations pourraient être « normalisées dans les meilleurs délais », et a souligné le travail « consciencieux » entrepris ces dernières semaines par la communauté internationale, afin d’assurer « la la sécurité et la stabilité » de la région. Les Serbes du nord du Kosovo ont érigé des points de contrôle depuis le 10 décembre pour protester contre l’arrestation présumée injustifiée de certains d’entre eux et contre le déploiement d’importantes forces de police par le gouvernement de Pristina dans la région. La situation de paralysie des transports et des communications, dans une atmosphère de haute tension interethnique, a été débloquée par une rencontre que le président serbe Aleksandar Vucic a eue hier soir avec les représentants des Serbes du Kosovo.

Hier soir, Dejan Pantic a été libéré, le premier Serbe arrêté le 10 décembre, qui a été placé sous surveillance à domicile et qui pourra se défendre en liberté. Pantic est un ancien policier kosovar à la retraite arrêté pour avoir pris d’assaut les locaux de la commission électorale dans le nord du Kosovo, attaqué des policiers et collusion avec le terrorisme. Ces accusations sont rejetées par les Serbes du Kosovo et par Belgrade. Comme Pink Petar Petkovic, chef du bureau du gouvernement serbe pour le Kosovo, l’a déclaré ce matin à la télévision privée serbe, l’UE et les États-Unis garantissent qu’il n’y aura plus d’arrestations de Serbes, y compris ceux impliqués dans les manifestations avec des barrages routiers et des barricades.

Il ne peut y avoir de liste de Serbes à arrêter, même si les Serbes ne croient pas pleinement que cela n’arrivera pas et ne sont pas sûrs que les garanties internationales seront respectées. Les garanties, définies noir sur blanc dans un document établi avec Vucic, concernent également l’interdiction pour le personnel de la Force de sécurité du Kosovo d’être déployé dans le nord sans l’autorisation du commandant de la KFOR, la force de l’OTAN dans le pays, et sans le consentement des représentants politiques des Serbes de la nation.

Quelque 50 000 Serbes vivant dans le nord du Kosovo refusent de reconnaître le gouvernement de Pristina ou le statut de pays séparé de la Serbie, et pour cette raison, ils continuent également d’utiliser les anciennes plaques d’immatriculation des véhicules émises par Belgrade qu’ils refusent de changer. Le Kosovo, une ancienne province serbe à majorité albanaise, a déclaré son indépendance en 2008 avec le soutien de l’Occident à la suite de la guerre de 1998-99 au cours de laquelle l’OTAN est intervenue pour protéger les Albanais de souche. L’indépendance n’a jamais été reconnue par Belgrade, mais elle l’a été par la plupart des États occidentaux et des États membres de l’UE, à l’exception de Chypre, de la Grèce, de la Roumanie, de la Slovaquie et de l’Espagne. Le pays a longtemps été une source de tension entre l’Occident et la Russie, qui soutient Belgrade dans ses efforts pour bloquer l’adhésion de la nation aux organisations mondiales, y compris les Nations Unies.

Belgrade a récemment encouragé la minorité serbe (environ 120 000 sur 1,8 million d’habitants du Kosovo) à refuser toute allégeance à Pristina au moment où les autorités kosovares voulaient affirmer leur souveraineté sur l’ensemble du territoire. Début novembre, des centaines de policiers serbes intégrés dans la police du Kosovo, ainsi que des juges, des procureurs et d’autres fonctionnaires, ont quitté leur poste en masse pour protester contre la décision désormais suspendue de Pristina d’interdire aux Serbes résidant au Kosovo d’utiliser des plaques d’immatriculation serbes.

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