Macron s’apprête à nommer le prochain Premier ministre français alors que l’attention se porte sur les élections législatives.

Emmanuel Macron devrait annoncer un nouveau Premier ministre dans les prochains jours, alors qu’il se concentre sur les élections législatives de juin après sa défaite contre Marine Le Pen au second tour de la présidentielle dimanche.

Le premier ministre, Jean Castex, a déclaré qu’il démissionnerait avec le gouvernement, permettant à Macron de choisir un nouveau visage et une nouvelle équipe pour son second mandat de cinq ans.

Les analystes suggèrent que Macron pourrait nommer Élisabeth Borne, la ministre du travail, au poste de premier ministre, la deuxième femme en France à occuper ce poste. Parmi les autres candidats pressentis pour l’Hôtel de Matignon – l’équivalent parisien du No 10 – figurent le ministre des finances, Bruno Le Maire, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, ou le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie.

Avant même l’annonce de la réélection de M. Macron dimanche, l’attention s’est tournée vers le prochain cycle électoral. Il aura besoin que son parti, La République en Marche !, et ses alliés obtiennent une majorité pour éviter la formation d’un gouvernement hostile qui pourrait paralyser son programme.

La nomination d’un nouveau premier ministre et d’un nouveau cabinet est d’autant plus délicate que M. Macron cherchera à séduire les électeurs de la gauche radicale qui ont soutenu Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle, tout en évitant de s’aliéner les partisans de Mme Le Pen. M. Macron doit montrer qu’il est le président de « tous les Français » après avoir obtenu 58,54 % des voix, contre 41,46 % pour Mme Le Pen, lors du second tour de dimanche.

Sa victoire sera officiellement confirmée par le Conseil constitutionnel du pays mercredi. M. Castex aurait pu être invité à rester Premier ministre, mais il a déclaré à la radio française au début du mois que la France serait à la recherche d’une « nouvelle force motrice » en cas de victoire de M. Macron.

Mélenchon, qui a manqué de peu de battre Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle, a appelé les électeurs à faire de lui le premier ministre via les élections législatives des 12 et 19 juin. Alors que le premier ministre est nommé par le président, qui peut en principe choisir qui il veut, le parlement a le pouvoir de forcer la démission du gouvernement. Le choix du premier ministre doit donc, par nécessité politique, refléter la volonté de la majorité du parlement.

Les membres du parti de Mélenchon, La France Insoumise (LFI), ont mené des « négociations » avec leurs homologues du parti écologiste-vert et du parti communiste en vue d’unir leurs forces dans les circonscriptions où une alliance de gauche pourrait obtenir suffisamment de sièges pour leur donner le contrôle de l’Assemblée nationale, la chambre basse.

Un sondage réalisé par Harris Interactive lundi prévoyait que le parti de M. Macron obtiendrait 326 à 366 sièges, soit une majorité absolue à l’Assemblée nationale, qui compte 577 sièges. Les partis d’extrême droite obtiendraient entre 117 et 147 sièges et les partis de gauche entre 73 et 93 sièges.

Trois forces politiques ont émergé en France après le déclin du centre-droit traditionnel Les Républicains et du centre-gauche du Parti socialiste : un centre pro-européen représenté par LREM de Macron flanqué d’une gauche radicale représentée par Mélenchon et l’extrême droite de Le Pen. Les électeurs qui rejettent Macron, mais trouvent les extrêmes difficiles à digérer – y compris les Verts – devront choisir un camp.

Manon Aubry, députée européenne LFI, a déclaré : « Nous allons créer une union autour d’un programme et d’un projet. Il y a aujourd’hui trois blocs dans le pays, l’extrême droite, la droite libérale et notre bloc.

« Nous avons uni beaucoup de gens derrière nous lors de cette élection et nous pouvons faire plus pour donner à ceux qui se sentent orphelins une place dans notre famille. C’est l’objet des négociations. »

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Macron a promis de trouver une réponse à la colère de ceux qui ont soutenu l’extrême droite ou se sont abstenus au second tour.

« Je sais que beaucoup de mes compatriotes ont voté pour moi parce qu’ils ont soutenu mes idées mais aussi pour barrer la route de l’extrême droite vers le pouvoir. Je veux les remercier et leur dire que je suis conscient de la responsabilité que leur vote fait peser sur moi dans les années à venir », a-t-il déclaré.

« Je ne suis plus le candidat d’un camp mais le président de tous. Il faut trouver une réponse à la colère et aux désaccords qui ont conduit beaucoup de nos compatriotes à voter pour l’extrême droite. Ce sera ma responsabilité et celle de ceux qui m’entourent », a-t-il ajouté.

Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national, a déclaré que sa fille avait fait « tout ce qu’elle pouvait ».

« Cela fait maintenant un demi-siècle que nos idées ont progressé », a-t-il déclaré aux journalistes français. « Il y a du temps pour organiser la prochaine victoire ». Marine Le Pen a déclaré que le Rassemblement national s’organise pour la prochaine « grande bataille » aux législatives.

Dimanche soir, les représentants de Macron et les membres de son cabinet ont tous été confrontés à la même question : qui sera premier ministre ? Tous ont donné la même réponse : C’est au président de décider.

Premiers ministres possibles

Élisabeth Borne.
Élisabeth Borne. Photographie : Ludovic Marin/AFP/Getty Images

Élisabeth Borne, 61 ans
La ministre de l’Emploi, qui a été auparavant aux ministères de l’Écologie et des Transports, est une technocrate, ancienne directrice de la RATP (Régie autonome des transports parisiens). Elle a travaillé sous la direction du Premier ministre socialiste Lionel Jospin, et on lui reconnaît une grande maîtrise de la plupart des sujets. Mme Borne serait la deuxième femme à occuper le poste de Premier ministre français après Édith Cresson, qui a exercé ses fonctions pendant moins d’un an sous la présidence de François Mitterrand, entre mai 1991 et avril 1992.

Bruno Le Maire.
Bruno Le Maire. Photo : Sean Gallup/EPA

Bruno Le Maire, 53 ans
Le ministre des finances et ancien ministre des affaires européennes a l’avantage d’être à droite du centre et d’être un traditionaliste. Il a été loué pour sa gestion économique de l’approche « coûte que coûte » de Macron face à la crise Covid. Il est considéré comme un fidèle converti au macronisme, bien qu’il ait servi dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy.

Richard Ferrand, 59 ans
Ancien membre du parti socialiste et ancien journaliste, il a été secrétaire général du nouveau parti de Macron et a été nommé ministre de la cohésion des territoires après l’accession de Macron à la présidence en 2017, mais a démissionné au bout d’un mois pour devenir chef du groupe LREM à l’Assemblée nationale, puis président de l’Assemblée nationale. Chambre basse, un poste qu’il occupe depuis.

Julien Denormandie.
Julien Denormandie. Photographie : Ludovic Marin/AFP/Getty Images

Julien Denormandie, 41 ans
On dit souvent que le ministre de l’agriculture est un Macron légèrement plus jeune, bien que seulement de trois ans. Denormandie a été chef de cabinet adjoint de Macron au ministère des Finances lorsque le socialiste François Hollande était président. Il a participé à la création de La République en Marche ! en 2016.

Gérald Darmanin, 39 ans
Le ministère de l’Intérieur est considéré comme de droite et est souvent accusé à tort d’avoir qualifié Le Pen de « molle » sur l’immigration, ce qui était un commentaire sarcastique fait lors d’un débat. Un personnage diviseur pour la gauche et même parmi ses collègues, mais ambitieux.

Outsiders

Édouard Philippe
Édouard Philippe démissionne de son poste de Premier ministre après les élections municipales de 2020 et lance son propre mouvement politique, Horizons. Photographie : Sameer Al-Doumy/AFP/Getty Images

Édouard Philippe, 51 ans
Le maire du Havre a été le premier Premier ministre de Macron entre 2017 et 2020. Ancien socialiste, puis membre de l’UMP (centre-droit), Édouard Philippe a dû gérer la crise de l’emploi. gilets jaunes , des grèves et des protestations contre les changements controversés de Macron concernant les retraites et le début de la pandémie de Covid-19. Il a démissionné après les élections municipales de 2020 et a lancé son propre mouvement politique, Horizons, dont beaucoup pensent qu’il sera son tremplin vers une candidature présidentielle de centre-droit en 2027.

Christine Lagarde.
Christine Lagarde. Photo : Reuters

Christine Lagarde, 66 ans
Directrice de la Banque centrale européenne et ancienne directrice générale du Fonds monétaire international, elle a été ministre de l’économie de M. Sarkozy. Lagarde a l’expérience et la compétence mais serait rejetée comme trop libérale et mondialiste sur le plan économique par la gauche, et serait donc un choix qui divise énormément.

Jean-Luc Mélenchon, 70
Le leader de LFI a exigé que les électeurs français fassent de lui le Premier ministre lors des prochaines élections législatives après avoir raté de peu le second tour de la présidentielle, à 420 000 voix près. Il déteste Macron et ferait tout pour contrecarrer son programme. Ce n’est pas le cas actuellement et cela ne se produira que s’il force la main de Macron en obtenant une majorité parlementaire en juin.

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