« Oui à la loi dans la Constitution »

La droite française a changé d’avis sur l’avortement. Ou plutôt, Marine Le Pen, leader du Rassemblement National, qui l’a présenté, l’a fait un amendement d’inscrire le droit à l’avortement dans la constitution. Jusqu’à présent, l’exposant d’extrême droite s’était toujours prononcé contre la modification de la Charte en ce sens, réitérant sa position il y a tout juste une semaine lors d’un entretien avec le Journal du dimanche. « Nous ne sommes pas les Etats-Unis. Aucun groupe politique en France ne demande l’abolition de ce droit. Je ne comprends pas à quel danger cette demande de constitutionnalisation doit répondre », a déclaré le représentant de la droite française.

Mais maintenant, il a apparemment changé d’avis et cette décision fait probablement partie d’une stratégie plus large de Le Pen, qui tente depuis un certain temps de « nettoyer » l’image du parti, qui s’est retrouvé à plusieurs reprises au centre de la controverse. en raison de positions trop extrémistes et réactionnaires. La cheffe du parti avait elle-même déclaré vouloir empêcher les « avortements de confort », insinuant que les femmes décident souvent d’interrompre leur grossesse sur un « coup de tête ». Caroline Parmentier, son attachée de presse, devenue députée du Pas-de-Calais aux dernières législatives, avait même comparé l’avortement à un génocide. « Après avoir ‘génocidé’ les enfants français au rythme de 200 000 par an, il faut maintenant les remplacer par des migrants », a-t-il déclaré.

Désormais, la leader du Rn veut prendre ses distances avec son image d’anti-avortement, tout en maintenant son opposition à une nouvelle modification du délai d’accès à l’IVG, qui est passé en janvier 2022 de 12 à 14 semaines à compter de la conception, ainsi que sa demande de maintien d’une clause sur l’objection de conscience. Le parti d’extrême droite a qualifié le dernier amendement présenté de proposition « équilibrée » entre la protection du droit à l’avortement et un « cadre légal » pour l’avortement ».

La proposition de Le Pen fait écho à deux autres amendements promus respectivement par le parti de gauche radicale La France Insoumise et par la Renaissance libérale du président Emmanuel Macron. Rédigé par la députée Mathilde Panot, le premier demande l’inscription dans la Constitution que « nul ne peut violer le droit à l’avortement volontaire et à la contraception. La loi garantit l’accès libre et effectif à ces droits à toute personne qui en fait la demande ».

« Nul ne peut être privé du droit à l’interruption volontaire de grossesse », lit plus simplement celui proposé par le groupe Renaissance, rédigé par la cheffe de groupe Aurore Bergé. En ce qui concerne le cas Le Pen, le texte entend plutôt intégrer le premier alinéa du préambule de la Constitution en ajoutant une référence « aux dispositions du titre Ier du livre II de la deuxième partie du code de la santé publique ». Cette partie du code de la santé publique précise notamment que l’avortement « ne peut être pratiqué qu’avant la fin de la quatorzième semaine de grossesse », et de la septième en cas d’avortement médicamenteux, et confirme la clause de conscience dont bénéficient les médecins et sages-femmes qui ne ne souhaite pas pratiquer l’avortement volontaire.

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