taxer les riches pour sortir de la crise

Si l’Allemagne veut surmonter la crise actuelle déclenchée par la guerre en Ukraine, il n’y a qu’une chose à faire : taxer les riches. La suggestion ne vient pas de Die Linke ou de quelque militant d’extrême gauche, mais de ceux qui ont été jusqu’ici les gardiens de la doctrine ordolibérale, fondée sur le libre-échange et la rigueur fiscale, du gouvernement de Berlin : le groupe d’experts du Conseil pour l’analyse de la situation économique, dont l’opinion est si autoritaire que même ses membres sont appelés « les sages ».

Leur rapport annuel suscite de vifs débats dans le pays, alors qu’il n’est généralement lu et discuté que par des initiés, suscitant peu d’intérêt en dehors de leur cercle. Mais cette année, les choses sont différentes. Le document, rédigé en six semaines par cinq experts de longue date, a suscité de nombreuses polémiques avant même sa présentation officielle hier. Dans le texte, les « sages » recommandent à l’exécutif d’augmenter, bien que « temporairement », les impôts des plus riches, tout en se prononçant généralement en faveur de baisses d’impôts et en appelant à une stricte discipline budgétaire. Comme l’explique Le Monde, la question est extrêmement délicate d’un point de vue politique, puisque le ministre des Finances, Christian Lindner, est le leader du Fdp, le parti libéral, qui n’a rejoint la coalition dirigée par le chancelier Olaf Scholz qu’après les autres. deux partis (les sociaux-démocrates SPD et les Verts) ont promis qu’aucun nouvel impôt ne serait augmenté.

« Changement de ton au Conseil des sages », titrait le quotidien économique Handelsblatt, inquiet de cette apparente poussée redistributive. Mais les experts ont répondu que leurs recommandations étaient faites selon une pure logique économique, visant à récupérer des fonds étant donné que ces derniers mois le gouvernement s’est empressé d’élaborer des paquets d’allégements fiscaux très généreux pour faire face à la flambée des prix du gaz, du pétrole et de l’électricité. Et étant donné que des milliards d’euros d’aides sont également allés au profit des plus riches, qui n’en avaient pas besoin, il est logique pour les experts d’instaurer temporairement une taxe ou un prélèvement supplémentaire pour les catégories les plus aisées, afin de limiter l’inflation l’effet de dépenses publiques supplémentaires, tout en instaurant une plus grande solidarité dans une situation budgétaire tendue.

Cependant, cette logique n’a pas convaincu Lindner qui a assuré que « le gouvernement ne prévoit aucune augmentation des impôts ». Et le changement de ligne économique n’est pas la seule nouveauté du conseil cette année. Il était dirigé pour la première fois par une femme, Monika Schnitzer, et d’ailleurs la nomination récente d’Ulrike Malmendier, ancienne professeure aux universités américaines de Harvard et de Berkeley, a porté à trois le nombre d’experts de l’organisme, le troisième étant est Véronika Grimm. Les conseils des sages, ou peut-être vaut-il mieux dire maintenant des sages, sont dirigés par des femmes.

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