Violences faites aux femmes, donc l’Italie trahit la Convention d’Istanbul

Le dossier

Les premières données des Cams (Centres pour hommes maltraitants) sont positives mais l’Italie n’investit pas dans la prévention


Les résultats des Centres auditifs pour hommes maltraités (CAM) sont encourageants. Les chiffres le disent, qui se réfèrent à l’expérience de la Région Toscane et à celle du Protocole Zeus, mis en œuvre par la Préfecture de Police de Milan. C’est ce qu’on peut lire dans le rapport sur « Les parcours de soins des hommes auteurs de violences dans les relations affectives et de genre », voté à l’unanimité (211 voix pour) par le Sénat le 25 mai dernier. De Palazzo Madama arrive le feu vert pour le travail d’enquête de la commission d’enquête parlementaire sur le fémicide. Pourtant, aujourd’hui les Cams sont comme des cathédrales dans le désert : elles ne sont pas érigées et ne sont pas financées. Ainsi l’Italie trahit la Convention d’Istanbul, un document du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Les peines continuent de s’alourdir mais sans investir dans la prévention, seule arme pour arrêter le carnage d’un pays dans lequel, ces six derniers mois, plus de cinquante femmes ont été tuées.

Les enjeux cruciaux des Cams (centres d’écoute pour hommes violents)

L’œuvre voit comme oratrices les sénatrices Alessandra Maiorino du Mouvement 5 étoiles et Donatella Conzatti d’Italia Viva et découle de la conviction qu’un homme violent n’est pas considéré comme perdu. Un homme violent peut s’aider à changer. Ce serait la véritable clé pour prévenir définitivement les violences basées sur le genre et enrayer un phénomène structurel, qui ne peut être éradiqué avec la seule augmentation des peines de prison et l’aggravation des mesures de précaution contre les suspects. Le problème est que les Cams en Italie sont dans un état très arriéré. Mais quels sont les problèmes ?

  • Niveau de structuration du système.
  • Présence sur le territoire national.
  • Synergie avec d’autres institutions engagées dans la lutte contre les violences basées sur le genre.
  • Financement.

Le premier point est que ces centres existent grâce à la bonne volonté de ceux qui les gèrent, donc, dit le rapport, « ils peuvent être des réalités qui, sans l’expérience et les qualifications nécessaires, s’organisent rapidement en profitant de l’opportunité d’un marché », donc aussi au détriment de la qualité de l’offre de service. La deuxième criticité concerne la présence hétérogène sur le territoire national (presque toute en Italie centrale et septentrionale), créant une disparité dans l’accès au service et contribuant à l’écart entre le Nord et le Sud. Les Cams ne travaillent pas non plus en synergie avec d’autres institutions. dans la zone. Enfin, elles ne bénéficient pas d’un financement public suffisant. Pour cette raison, la loi de finances pour l’année 2022 prévoit d’investir sept millions d’euros dans le « Fonds des politiques relatives aux droits et à l’égalité des chances ».

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Pourtant, il y aurait des exemples vertueux en Europe. En Norvège, le système de protection sociale prévoit des programmes de formation spécifiques sur le thème de la gestion de la colère, destinés aux opérateurs de divers centres de conseil et centres spécialisés, avec un œil sur les détenus pour des crimes liés à la violence domestique, avec des cours en prison et un système d’accompagnement dans le période post-détention.

L’expérience italienne : la Région Toscane et le protocole de Zeus

Mais quelle est l’image italienne? Il existe une quarantaine de Centres dédiés aux hommes violents. Le rapport nous apprend qu' »en 2017, seuls 726 hommes dans toute l’Italie ont participé à un parcours ». Au niveau local, il existe deux expériences : celle de la Région Toscane et celle du Protocole Zeus. Dans le premier cas, la Région Toscane a publié un rapport en 2020, qui prend en compte une croissance progressive du nombre d’hommes disponibles pour aider. En 2019, il y a eu 211 accès : presque la somme du total des trois années précédentes.

La deuxième expérience voit la division criminelle de la préfecture de police de Milan comme protagoniste, où le commissaire de police informe la personne avertie de la possibilité de suivre un programme de prévention organisé par les services locaux. Ici, il y a 429 personnes averties depuis le début du projet (2018) jusqu’en 2021. Parmi celles-ci, 381 ont été invitées à venir à un entretien dans l’un des centres d’écoute de la capitale lombarde. 300 ont été présentés dont 9,6% de récidivistes (29 personnes). Parmi les sujets invités mais non présents à l’entretien (81 personnes) le pourcentage de récidivistes est de 19,75% (16 personnes) : le double de ceux qui ont entrepris le parcours de soins.

Centres abusifs pour hommes Cam Italia-2

Pour cela, il est nécessaire de poursuivre les travaux de la Commission de justice du Sénat, où il y a deux projets de loi, l’un signé par Maiorino (M5s) et l’autre par Conzatti (Iv). Celle des pentastellata vise à institutionnaliser les Cams, renforçant l’institution de l’avertissement du Questeur qui, même sans plainte formelle, peut admonester un homme présumé violent et lui indiquer un Cam vers qui se tourner. La proposition du sénateur d’Italia viva prévoit plutôt l’implantation de la Cam directement dans les collectivités territoriales, prévoyant un fonds de financement et « des règles d’attribution des ressources prévues à cet effet par le ministre délégué à l’égalité des chances ».


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