Débat Macron-Le Pen : les moments clés du face-à-face électoral français.

Les deux finalistes de l’élection présidentielle française se sont affrontés lors d’un débat télévisé en direct qui pourrait s’avérer crucial pour convaincre les électeurs hésitants – notamment à gauche – quatre jours avant le vote décisif du second tour. Voici quelques points saillants de ce qui fut, dans l’ensemble, un échange bien plus civilisé que leur rencontre d’il y a cinq ans :

Demandé d’ouvrir le débat en indiquant quel type de président elle serait, Marine Le Pen répond qu’elle serait « un président du quotidien, de la valeur du travail… Un président de la fraternité nationale, rassemblant le national autour d’un projet collectif ». Un autre choix est possible », dit-elle. Macron dit avoir traversé un « moment difficile » avec le pays, un moment où « les peurs, les inquiétudes sont là ». Il entend poursuivre dans cette voie car « je crois que nous pouvons rendre notre pays plus indépendant, plus fort ».

Crise du coût de la vie : Mme Le Pen affirme que sept personnes sur dix ont le sentiment que leur pouvoir d’achat a baissé au cours des cinq dernières années. Elle dit qu’elle va réduire les impôts, récompenser le travail et aider les personnes vulnérables. Je vais « rendre aux Français leur argent », dit-elle, à hauteur de 150-200 euros par mois et par ménage. M. Macron affirme que le pouvoir d’achat a augmenté sous sa présidence, mais admet que « la vie devient plus chère ». Il affirme qu’il est plus efficace de plafonner les prix que de réduire les impôts, et note que Le Pen a voté contre le plafonnement des prix au Parlement. Il note également que la promesse de Le Pen d’augmenter les salaires de 10% n’est pas dans son cadeau : « Ce sont les employeurs qui décident de cela. » Macron ajoute que les mesures prises par son gouvernement ont permis de maintenir l’inflation nettement plus faible en France que chez ses voisins de l’UE.

Politique étrangère : Le Pen félicite Macron pour les mesures qu’il a prises pour aider le peuple ukrainien « au nom de la France » mais remet en question les sanctions de l’UE contre la Russie, qui, selon elle, « feront un tort énorme au peuple français ». Macron contre-attaque, soulevant le soutien de Le Pen à l’annexion de la Crimée par la Russie et le fait que son parti a contracté des prêts bancaires russes. « Vous êtes dépendante du pouvoir russe, et de M. Poutine », dit Macron. Mme Le Pen insiste, avec véhémence, sur le fait que les prêts ne signifient pas qu’elle est influencée par Moscou : « Je suis une femme parfaitement libre », et rappelle à Macron qu’il a reçu le dirigeant russe à Versailles. Sur l’Europe, Macron déclare : « Vous voulez toujours quitter l’Union européenne, c’est juste que vous ne le dites plus. » Le Pen dément ces propos : « Je veux que la Commission européenne respecte les nations souveraines – je veux changer l’UE, pas la quitter ». Macron l’accuse de déguiser ses véritables intentions : une grande partie de son programme, dit-il, serait en violation des lois et des principes de l’UE : « Vous ne pouvez pas changer les règles d’un club de 27 membres tout seul, juste parce que vous êtes Marine Le Pen. Votre projet est un projet qui rétrécirait la France ».

Politique sociale : Sur le sujet controversé des retraites, Macron propose de repousser progressivement l’âge de la retraite à 65 ans d’ici 2031, avec des exceptions pour les emplois physiques particulièrement pénibles. Mme Le Pen qualifie cette proposition d' »injustice insupportable » ; elle dit qu’elle placera l’âge de la retraite entre 60 et 62 ans, avec 42 années de cotisations requises pour une pension d’État complète. Macron affirme que son plan n’est pas réalisable. Mme Le Pen s’en prend au « bilan économique effroyable » du président, surnommant Macron « le Mozart de la finance ». Elle est sceptique quant à l’affirmation de Macron selon laquelle il aurait réduit le chômage de 9,6 % à 7,4 %, ce qu’il défend à l’aide de données internationales. M. Macron se dit également « assez fier » des mesures économiques d’urgence prises par son gouvernement pour soutenir l’emploi et les entreprises pendant la pandémie et demande à savoir ce que Mme Le Pen aurait fait à la place.

Environnement : Le Pen affirme que l’une des principales causes de la crise climatique est le marché libre mondial ; elle affirme que son « projet entier » est construit autour du « localisme ». Macron dit qu’elle n’est pas logique : les combustibles fossiles contribuent largement au réchauffement de la planète, mais elle propose de réduire la TVA sur l’essence et le diesel. Il accuse Le Pen d’être une climato-sceptique, observant : « Il n’y a pas une seule proposition écologique dans votre projet ». Il critique sa proposition de démanteler les parcs éoliens déjà construits et d’interdire les futurs parcs.

Numérique : Le Pen affirme qu’un Google européen « aurait dû être lancé il y a des années ». Macron affirme que la France est le pays qui « produit le plus de start-ups » en Europe, mais ajoute que Google, Apple et Amazon sont nés aux États-Unis « en raison de la taille du marché américain. Le marché de la France doit être toute l’Europe ; celui qui n’aime pas l’Europe ne peut pas développer des champions du numérique. »

Crime : Le Pen déclare que la criminalité et la sécurité sont  » une question absolument essentielle. La situation dans le pays est vraiment très mauvaise… Nous sommes confrontés à une véritable barbarie. » Elle affirme que c’est l’une des raisons pour lesquelles elle organisera un référendum sur l’immigration, car « l’immigration incontrôlée est l’une des principales causes contribuant à la criminalité dans ce pays ». Elle exige de la fermeté de la part des juges et 25 000 cellules supplémentaires dans les prisons du pays. Macron affirme que son gouvernement a « tenu ses promesses », en créant 10 000 emplois dans la police et en augmentant le budget de la justice de 30% au cours des deux dernières années.

Marine Le Pen déclare qu’elle interdirait le hijab lors du débat présidentiel français – vidéo

Laïcité : Interrogée sur sa promesse d’interdire le port du hijab en public, Mme Le Pen insiste sur le fait qu’elle n’est pas anti-islam mais « opposée à l’idéologie islamiste ». Elle affirme que la politique de Macron contre l’islamisme « n’a pas été efficace ». Le hijab est « un uniforme imposé par les islamistes » et devrait être interdit en public. M. Macron affirme qu’il n’interdira jamais les signes de croyance religieuse en public, car cela serait contraire à la Constitution française : « Vous inciterez à une guerre civile si vous interdisez le voile », a-t-il déclaré. « Cela n’a aucun sens. C’est confondre tous les problèmes ; confondre l’islam avec l’islamisme. » Selon lui, la France, « patrie des Lumières », serait le premier pays au monde à interdire les signes religieux dans l’espace public.

Immigration : Le Pen dit qu’elle révisera la constitution française par le biais d’un référendum qui introduirait une priorité nationale pour les emplois et les prestations, ainsi que l’annulation des droits de citoyenneté automatiques pour les enfants de non-nationaux nés en France, la modification du processus d’asile et des règles de naturalisation. Macron affirme que rien de tout cela ne pourrait être accompli sans la coopération des pays tiers.

Gouvernance : Macron dit que les référendums peuvent être une bonne idée mais insiste sur le fait que le référendum sur la citoyenneté et l’immigration « n’est pas constitutionnel ». Mme Le Pen insiste sur le fait que son projet est constitutionnel : « Seul le peuple est souverain », dit-elle. « Vous proposez de changer la constitution sans passer par le parlement », dit Macron.

Conclusions : Macron affirme que le débat était « sincère » et que les deux candidats ont eu des « désaccords respectueux ». Il affirme que les élections du 24 avril étaient « un référendum pour ou contre l’UE, pour ou contre l’environnement, pour ce que nous sommes. » Mme Le Pen s’adresse « au peuple français », vantant son projet comme « viable, et, je crois, vital ».

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