Au moins cinq personnes tuées au Tchad alors que les forces de sécurité répriment des manifestations | Tchad

Au moins cinq personnes ont été tuées à N’Djamena, la capitale du Tchad, après que les forces de sécurité ont violemment dispersé des manifestations interdites réclamant une transition plus rapide vers un régime démocratique.

Des photographies ont montré cinq corps sur le sol de l’hôpital Union Chagoua de la ville, dont deux étaient recouverts du drapeau national tchadien et trois de draps blancs ensanglantés. Le médecin-chef, Joseph Ampil, a déclaré que cinq personnes étaient « mortes par balles » au cours des affrontements.

Des boules de fumée noire étaient visibles dans certaines zones et le bruit des grenades lacrymogènes pouvait être entendu.

Le siège du parti UNDR du Premier ministre, Saleh Kebzabo, a également été attaqué par des manifestants et incendié, a déclaré à la presse le vice-président de l’UNDR, Célestin Topona.

Kebzabo, le président de l’UNDR, a été nommé Premier ministre la semaine dernière après que son prédécesseur ait démissionné pour ouvrir la voie à une nouvelle administration.

La vaste nation d’Afrique centrale, dirigée par des militaires, est sur les nerfs depuis la mort soudaine du président, Idriss Déby, alors qu’il visitait des troupes combattant des rebelles en avril 2021. Le conseil militaire de transition dirigé par le fils de Déby, Mahamat Idriss Déby, qui a pris le pouvoir après la mort du président et a repoussé les élections à octobre 2024, a rencontré une certaine résistance.

Des manifestants à N'Djamena, jeudi.
Des manifestants à N’Djamena, jeudi. Photo : AFP/Getty Images

Les critiques exigent un retour plus rapide à la démocratie et un changement de gouvernement après que Déby ait dirigé d’une main de fer ce pays désertique appauvri pendant trois décennies.

La manifestation de jeudi à N’Djamena a été convoquée pour marquer la date à laquelle les militaires avaient initialement promis de céder le pouvoir, et a eu lieu au mépris d’une interdiction du gouvernement.

Un journaliste local a été abattu et a succombé à ses blessures quelques heures plus tard, selon son frère. La Croix-Rouge tchadienne a déclaré qu’elle avait déployé 10 équipes pour fournir les premiers soins et emmené des « dizaines » de blessés à l’hôpital.

« Ils nous tirent dessus. Ils tuent notre peuple », a écrit sur Twitter Succès Masra, dont le parti Transformers fait partie des groupes qui avaient appelé à la manifestation.

Il n’y a pas eu de nouvelles officielles immédiates sur les victimes. Des manifestations ont également eu lieu à Moundou, dans le sud du pays.

La France, ancienne puissance coloniale du Tchad, a condamné la violence, notant qu’elle se caractérise par « l’utilisation d’armes mortelles contre les manifestants ».

« La France ne joue aucun rôle dans ces événements, qui relèvent strictement du domaine de la politique intérieure du Tchad », a déclaré le ministère des Affaires étrangères. « Les fausses informations sur la prétendue implication de la France sont sans fondement ».

Les forces de sécurité ont réprimé plusieurs manifestations de la société civile et de l’opposition dénonçant la prise du pouvoir par les militaires et le soutien de la France au gouvernement de transition, causant parfois des morts dans le processus. En mai, la police a tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des canons à eau pour disperser des manifestations anti-françaises qui ont vu la destruction d’entreprises liées à la France.

Le vaste État sahélien aride a connu une longue histoire de coups d’État et de troubles politiques depuis qu’il a obtenu son indépendance de la France en 1960.

Pendant son long séjour au pouvoir, l’aîné Déby a repoussé plusieurs tentatives de le renverser par des rebelles venus de Libye et du Soudan.

Il était soutenu par la France, qui voyait en lui un allié de poids dans sa campagne contre le djihadisme au Sahel.

La France a rapidement soutenu son fils comme son successeur.

Mais son mécontentement apparent face à sa volonté de cimenter le pouvoir était visible lors des cérémonies d’investiture du 10 octobre, où la France, comme l’UE, n’était représentée que par un ambassadeur.

La déclaration de Paris niant toute implication française dans les violences de jeudi intervient après les manifestations anti-françaises qui ont suivi le coup d’Etat au Burkina Faso en septembre.

Les manifestants ont attaqué l’ambassade et le centre culturel français dans la capitale Ouagadougou après que les dirigeants du coup d’Etat aient accusé la France d’héberger le chef de la junte, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, dans une base au Burkina, une allégation que la France a démentie.

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