La zone rouge d’une baby-sitter en noir : « A 40 ans ils gardent le mien et j’en ai honte »

l’histoire

Le témoignage d’une femme qui, sans l’aide financière de ses parents retraités, ne pourrait pas continuer dans une période marquée par la difficulté de trouver et de garder un emploi



Pendant qu’elle parle, Viola a un ton humble. La voix est basse et il ne sert à rien de monter le volume des écouteurs lors d’un appel téléphonique ponctué de longues pauses et de quelques soupirs. Viola est un nom de fantaisie; son histoire, en revanche, est réelle, aussi vraie que celle des hommes et des femmes qui se reconnaissent dans un équilibre de vie où le seuil des 40 ans atteint sans emploi stable et la nécessité de dépendre économiquement de leur famille d’origine sont les voix négatives qui freinent l’espoir d’un avenir meilleur, un mirage presque évanoui après un an d’urgence sanitaire.

Viola est originaire de Rome et à Rome, elle vit dans un appartement de 35 m² qui paie 600 euros par mois net de charges. Dans le dessinateur, il a un diplôme de l’Académie des Beaux-Arts et le rêve de devenir enseignant. Avant le début de la période marquée par le Covid, Viola faisait un peu de tout : femme de chambre dans les musées, secrétaire, enseignante dans les ateliers de librairie indépendante, serveuse, baby-sitter. Aucun emploi, aussi occasionnel soit-il, n’a jamais été refusé, aucun salaire jugé trop bas s’il était utile pour atteindre la fameuse « fin de mois ». En même temps, l’étude : les concours pour devenir prof étaient le but qui annulait les rendez-vous entre amis et les pizzas du samedi soir, central dans les réflexions que même le week-end ne permettait pas de divertissement. Puis est venue l’urgence sanitaire et, avec elle, mois après mois, la peur qui laisse place à la certitude de ne pas y arriver en raison d’un emploi irrégulier difficile à maintenir pendant la « zone rouge », de l’argent qui ne suffit pas, de l’état émotionnel épuisé par le besoin de soutien de parents qui ne vivent que de leur pension.

« Si je ne travaille pas, je ne gagne pas et, en zone rouge, les mères des enfants ont peur des contrôles », nous raconte Viola qui, jusqu’à il y a quelques jours, était la baby-sitter de deux frères et sœurs âgés de 3 ans. et 5 (dont un a des problèmes de comportement). ) et un autre de 4 ans dans deux familles différentes, six jours sur sept, pendant 8 heures par jour : « On n’a jamais parlé d’être en règle, avec une mère parce que elle est liée par une connaissance personnelle, avec « l’autre pour des raisons qu’il n’a pas voulu me dire lors du premier entretien : » Nous ne contractons pas pour l’instant. On verra plus tard, m’a-t-il dit. Alors je me suis retrouvé du jour au lendemain sans soutien ».

Pourquoi n’avez-vous jamais demandé une citoyenneté ou un revenu d’urgence ? « J’ai demandé la citoyenneté il y a quelques jours. Jusqu’à présent je n’ai pas bougé car je gagnais un peu et il ne me semblait pas nécessaire de le demander. Bref, je l’ai fait avec des sacrifices, mais je l’ai fait. Ensuite, j’espérais trouver des offres d’emploi mais elles n’arrivaient pas. Mais maintenant j’ai vraiment besoin de cette subvention et j’en ai fait la demande », ajoute Viola qui est ancrée émotionnellement.

« J’ai l’estime de soi sous mes pieds. J’ai honte de le dire, mais se retrouver à devoir demander de l’aide à ses parents, à 40 ans, ce n’est pas facile » – confie-t-il – « A cela s’ajoute le fait que les écoles sont fermées et je vois la possibilité d’être enseignant de plus en plus éloigné.. Le job de baby-sitting me satisfait sur le coup, mais ce n’est pas ce que je veux faire dans ma vie. L’âge avance, les opportunités d’emploi diminuent et je sens que je dois me dépêcher d’une certaine manière pour améliorer la situation et pouvoir devenir enseignant ».

Dans un moment délicat comme celui-ci, un soutien affectif venant d’une psychologue contactée au plus près des difficultés croissantes et, avec quelques limites, de ses proches est décisif : « Mes parents sont séparés depuis des années. Je me suis senti soutenu par ma mère pendant un moment, puis elle a commencé à se décourager par rapport à la voie d’enseignement que j’ai décidé d’emprunter : selon elle je devrais accepter les métiers qui m’arrivent et que je dois gagner. Du même avis mon père qui soutient aussi mon frère trentenaire : il est fatigué, démoralisé, il me dit que le chemin de l’école est trop compliqué ».

« Je dois les remercier, ils ont été trop généreux avec moi, mais ils ne peuvent pas faire grand-chose de plus » soupire Viola qui, en ce moment, voit l’opportunité qui s’est présentée à elle il y a quelques heures comme une petite bouffée d’air frais : « Samedi, j’ai eu un entretien avec une mère que j’ai rencontrée l’année dernière. Il m’a contacté car il avait un besoin urgent d’une baby-sitter pour ses deux filles. J’ai accepté le tarif de 7,50 euros de l’heure, pour l’instant seulement pour une dizaine de jours, après on verra ».


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