la lettre
« On fait des primes vacances, des primes scooter, mais une prime psychologue ? Un bonus pour les tampons privés pour faire l’amour ? » : ce sont les questions posées par une célibataire de 39 ans au moment de la pandémie
« La nécessité d’écrire cette lettre découle du grand désir de donner la parole à la ‘catégorie’ de Célibataire» : Ainsi commence la lettre qui Annalisa Liberatori, Âgée de 39 ans, originaire de Ciociaria vivant à Rome, elle écrit pour raconter comment la pandémie en cours a bouleversé sa vie qui, avant mars dernier, se déroulait comme celles de bien d’autres femmes comme elle. Un déchaînement composé de nombreuses questions qui cherchent des réponses, celle écrite par la femme qui – dit-il – « Je veux des dommages et intérêts: J’ai 39 ans cela aurait pu être l’une des dernières années pour décider d’avoir un enfant et à la place on est paralysé comme ça. Et si cette histoire dure encore quelques années, je n’aurai plus d’enfant parce qu’il y a eu le coronavirus ? »
Ci-dessous le texte de la lettre publiée le Les Roms aujourd’hui.
« La nécessité d’écrire cette lettre découle du grand désir de donner la parole à la » catégorie « des célibataires. Je suis en fait célibataire par choix et je ne le regretterais pas en raison de l’urgence sanitaire actuelle en cours.
Je me présente : j’ai 39 ans, je vis à Rome mais originaire de la province de Frosinone. Je travaille comme scénariste et assistant réalisateur dans le monde du cinéma. Je suis fier de ma vie, ça me va : j’ai réussi à m’acheter il y a 2 ans un mini appartement de 40 mètres carrés dans le quartier Centocelle dont je paye toujours l’hypothèque grâce à mon père qui s’est porté garant et je travaille aussi fou d’arriver comme tout le monde à la fin du mois.
J’appartiens à la génération de ceux qui, pleins de rêves et du désir de les réaliser, se sont entendus dire des milliers de fois « non il y a une crise ! ». Des cursus saccagés par personne, ils étaient insuffisants pour se proposer pour tout type de poste, j’ai mis mon diplôme de côté pendant de nombreuses années et j’ai fait le métier avec un contrat de stage, j’ai embouteillé de l’huile dans une huilerie grâce à une recommandation, puis finalement j’ai J’ai commencé à faire mon travail de 2010 à 2013 j’étais un stagiaire non rémunéré, en 2014 à 33 ans ils ont commencé à me payer. A partir de ce moment là j’étais sûr d’avoir bien appris un métier, mais lié à un métier précaire, donc impossible d’acheter une voiture, une maison, une télé ! Donc difficile de fonder une famille, j’avoue ne pas être une femme avec un fort instinct maternel, j’ai donc décidé de ne pas le nourrir et d’accepter la condition précaire que cette société m’offrait.
Bon d’accord, on peut être des femmes formidables même sans être des mères formidables et j’ai suivi mon chemin. Je me suis beaucoup consacré au travail et j’ai rempli ma solitude avec de nombreuses autres activités, de nombreuses connaissances, des amis chers et je n’en ai jamais souffert. Je n’ai pas eu d’histoire d’amour depuis des années et je ne la cherche pas, j’ai aussi trouvé un équilibre là-dedans.
Vient ensuite mars 2020. La pandémie m’a surpris à Rome, dès mon retour d’un travail à Bari, j’ai décidé de rentrer chez moi dès le 1er mars alors qu’il était recommandé de rester à la maison et le soir du 10 mars j’ai choisi pour ne pas fuir, j’aurais pu retourner chez mes parents à Ferentino, à seulement 70 km de Rome, dans la maison où je suis né et où j’ai grandi, en pleine campagne, perdu dans la nature. Je voulais protéger mes parents et suivre les règles alors on m’a laissé seul dans des carrés de 40m sans balcon comme un chien, comme des milliers d’autres Italiens.
J’ai beaucoup souffert. En 15 jours j’ai perdu 4 kilos, je mesure 1m70 et fin mars je pesais 43 kilos. J’ai commencé à avoir mille peurs, à souffrir de mille paranoïa, je ne mangeais pas de peur que la nourriture finisse chez moi d’abord et dans les supermarchés plus tard, je me sentais étouffée dans ma maison, je commençais à ne plus jamais dormir, déprimer et vivre dans le cauchemar de ne plus jamais revoir papa et maman.
Au bout d’un moment, j’ai réussi à rejoindre le mien et ils ont pris soin de moi depuis. J’y suis resté tout l’été, je ne pouvais plus rester à Rome, dans la maison que j’ai achetée avec tant d’efforts, la solitude qui a toujours été mon heureuse compagne de vie est devenue mon cauchemar.
La désolation de nous célibataires nous détruit. Ce n’est pas qu’une question de sexe et c’est tout, ce qui serait déjà grave car un être humain jeune et actif ne peut que pratiquer pendant presque une année entière. Et rien que pour cela, les conséquences sont graves. Un de mes amis m’a appelé il y a quelques jours et nous avons discuté avec des célibataires. Il n’a pas touché une femme depuis février et est maintenant terrifié à l’idée de recommencer, beaucoup souffriront d’anxiété de performance.
Un de mes « aficionados » qui jusqu’au 8 mars était plein de désir pour moi en mai, début de la phase deux, je l’ai trouvé très fiancé à une fille que j’ai rencontrée peut-être via le chat et maintenant presque un père. Il y a des gens qui ont fait ça, la solitude qui avait toujours été notre douce compagne est soudainement devenue un terrible ennemi à combattre au plus vite, peut-être avant la deuxième vague. On s’est jeté dans les bras de n’importe qui en deux mois, mariages, fiançailles, enfants, sans trop évaluer les situations.
Dans mon cas, il était également difficile de reprendre de vieilles amitiés. Je n’ai jamais eu d’ami de cœur, j’ai toujours été l’ami de tout le monde, donc au début de la phase 2 j’étais pleine de l’envie de revoir tout le monde, mais la même chose n’était pas pour les autres, dans des situations comme celles-ci il faut réduire au minimum les rencontres et donc un choix prioritaire est fait et je n’étais la priorité de personne, mes amis n’avaient pas vu leurs copains depuis deux mois et donc…, ou tout le monde a choisi de voir ses « meilleurs » amis en premier et disons que de simples connaissances pouvaient attendre et que j’attends toujours.
Une société qui, il y a une quinzaine d’années, nous mettait en situation d’accepter une solitude imposée est maintenant soudain comme si elle vous disait « qui t’a fait faire ça tout seul, c’est ton problème, pas le nôtre ! ». Comme si à 30 ans on n’aurait pas aimé se construire une vie. Nous avons accepté une condition qu’ils nous lancent maintenant comme un boomerang.
Et personne n’en parle. On fait des primes vacances, des primes scooter, mais une prime psychologue ? Un bonus pour les tampons privés pour faire l’amour ? Oui oui juste pour faire l’amour ! Je sais que le système de santé s’effondre il n’y a pas de place pour nous !!!
Eh bien, je veux des dommages et intérêts: J’ai 39 ans cela aurait pu être l’une des dernières années pour décider d’avoir un enfant et à la place on est paralysé comme ça. Et si cette histoire dure quelques années, je n’ai plus d’enfant parce qu’il y a eu le coronavirus ?
Mais on essaie de protéger les familles, les écoles, on offre des primes de baby-sitting. Mais nous seuls dans nos 4 murs n’avons pas notre mot à dire en la matière ?
Si j’essaie de me plaindre à des connaissances de mon expérience du confinement, je les entends dire : « ne te plains pas du tout, tu ne sais pas quel cauchemar d’avoir des enfants en quarantaine ? » ou « ne te plains pas, tu as de la chance de ne pas avoir de partenaire! ». Alors tais-toi, je dois rester ! Peu importe si je souffrais de dépression, si je ne mangeais qu’un toast au miel par jour de peur d’avoir mal au ventre (je souffre de beaucoup d’intolérances alimentaires hélas) et de ne pouvoir être aidé par personne ! Si les courses plutôt qu’au supermarché je le faisais à la pharmacie, 170 euros d’analgésiques en tout genre, contre les maux de tête, de ventre, d’oreille, de dos etc.
Je veux être dédommagé du manque de connaissances, je suis sûr que le beau photographe que j’ai rencontré en décembre aurait pu être l’homme de ma vie. J’avais commencé petit à petit à lui écrire des textos de temps en temps, sans trop me presser, pour l’inviter ou être invité à boire une bière, puis le virus est arrivé, on ne parlait pas de bière, les textos ne tenaient pas , en bref, à June était fiancée à une autre. Evidemment, alors que j’étais paranoïaque à calculer la possibilité d’un homme tous les 14 jours, les autres continuaient à vivre.
J’aimerais que quelqu’un soit ma voix, « notre » voix et dise à cette société, tous attachés à la protection de l’économie et des familles, qu’il y a des gens qui n’ont pas touché la peau d’un être humain depuis des mois ».