Mamelons exposés, oui ou non ? Dans le doute, ils se couvrent : l’histoire le dit

S’orienter

D’Elodie à Chiara Ferragni, on montre sur les réseaux sociaux des vêtements qui couvrent à peine la nudité exposée comme on le fait depuis des siècles : les cours et les appels de la mode qui puise dans le passé pour continuer d’exister


Il simplifie beaucoup pour définir « top » ou « soutien-gorge » l’assemblage de deux feuilles de figuier crochetées pour rester immobiles – plus ou moins – sur les seins les plus en vogue du moment. Nommer les choses, cependant, aide. D’autant plus si autour de ces minuscules bandes de tissu se développe le débat classique qui oppose les goûts esthétiques à d’éventuelles considérations d’inadéquation ; évaluations sur l’utilité réelle du vêtement en question à des observations objectives sur son aspect pratique. Et aussi, avouons-le, sur les mamelons féminins, largement protagonistes des contextes qui luttent contre leur censure, les mettant désormais en valeur avec toutes sortes de T-shirt-fin-si-moulant-au-point-que-j-ai-tout-imaginé largement normalisé, maintenant couvert avec précision juste assez pour laisser le reste nu (les morceaux de ruban adhésif disposés en croix par Victoria of the Maneskins, par exemple). Et le cas du costume adamique qui – du moins pour l’instant – a été affiché de manière flagrante par Chiara Ferragni, Elodie, Gilda Ambrosio revient sur la question de ces saillies petites mais très puissantes qui ne deviennent symboles de la liberté que lorsqu’elles sont l’apanage des femmes. à (dé)habiller, sans censure et sans tabous, dans le but de les rendre aussi normales que celles de l’homme.

En bref, #freethenipple. #cipszzoliberi. A montrer sans que les autres ne jugent en aucune façon le choix de les exposer. Et aussi être couvert pendant que le reste de la poitrine est dénudé. Et oui, s’il y a encore des personnes peu prédisposées qui disent non à un tel spectacle. La vérité est que plus de deux seins peuvent contenir un mamelon, un détail de séduction et un symbole d’émancipation de la femme d’une époque bien plus ancienne qu’on ne pourrait l’imaginer.

Quand les tétons sont entrés dans l’histoire de la mode

Le mouvement Free the Nipple est né en 2012 dans le but de s’opposer à l’idée que les hommes sont autorisés à se montrer en public avec leurs tétons en vue sans générer de regards ni d’éblouissements, alors que les femmes ne le font pas, bloquées par l’idée que le nu féminin est par définition indécent. En substance, on soutient qu’il devrait être juridiquement et culturellement acceptable que chacun se découvre de la même manière, sans différences. L’auteure de la campagne Lina Esco, réalisatrice d’un documentaire qui s’est montrée en train de courir dans les rues de New York précisément pour attirer l’attention sur la question de l’égalité des sexes et encourager la discussion. Ensuite, les clips associés avec le hashtag #FreeTheNipple se sont dépeuplés sur les réseaux sociaux pour être supprimés de Facebook au motif d’avoir violé ses directives. La décision est ainsi devenue une caisse de résonance pour la campagne, également soutenue par des chanteuses comme Miley Cyrus et Rihanna prêtes à mettre leur visage (et la partie du corps « offenseuse ») dans les images diffusées en ligne en soutien à l’initiative d’Esco.

Mais en remontant dans le temps, il s’avère que la tendance à se libérer des conceptions ataviques dominées par les hommes en s’appuyant sur le détail très « scandaleux » remonte à bien des siècles avant. Au début des années 1700 pour être exact, lorsqu’il est attribué à Émilie du Châtelet, philosophe et mathématicienne française également connue pour avoir été sentimentalement liée à Voltaire, le début d’une révolution qui n’est qu’apparente frivole. Il semble, en effet, que la femme aimait faire ressortir ses tétons sous les robes transparentes, les mettant parfois en valeur avec un maquillage qu’on appellerait aujourd’hui maquillage, d’autres fois les laissant émerger de manière flagrante de décolletés vertigineux. Une manière véritablement révolutionnaire d’imposer sa physicalité pour l’époque, visant à s’émanciper des contraintes sociales dominées par les hommes qui passaient aussi par les vêtements, de la mode plâtrée dans laquelle les femmes devaient rester. Propriétés.
Après elle, c’est Paolina Bonaparte qui a suivi la même piste d’anticonformisme : en effet, les premiers modèles de soutiens-gorge extravagants tels que deux coupes dorées sont attribués à la sœur de Napoléon et, à elle aussi, la tendance à faire exactement la même habitude que le sien, précurseur de noircir les tétons pour ne pas les faire passer inaperçus.

La mode prend des notes

Détails. Des détails insignifiants d’un œil paresseux qui s’arrête à la surface d’un vain caprice délicieusement féminin ; des leviers puissants capables de contribuer à renverser tout un système pour ceux qui, comme Yves Saint Laurent, en 1968 en saisissent la portée en sentant combien le corps de la femme, nue, vaut plus qu’une affirmation criée ou écrite en grosses lettres . Il s’agit en effet du premier défilé de robes en tissu transparent où la fameuse transparence devient un spectacle de courbes concaves et convexes, de poitrines ostentatoires mais rejetées par les magazines de mode de l’époque scandalisés par un pari visant à offrent une autre approche de la physicalité. Celui-là même qu’aujourd’hui, après les seins rehaussés par les cônes rigides et pointus de Jean-Paul Gaultier à la fin des années 80 et des top modèles en couverture dans les années 90, se retrouve ici, rehaussé de deux feuilles de figuier qui couvrir, mais peut-être non, ils intriguent, mais pas tant que ça non plus. Cours et appels de la mode qui puise dans le passé pour continuer à exister. Qu’on le veuille ou non, libre de s’exprimer. Cela aussi, c’est la liberté.


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