Miriam Leone, belle à son insu


Le jour du mariage de Miriam Leone, des foules d’Italiens ont afflué sur les réseaux sociaux en proclamant un Jour de deuil national bientôt entré dans le sujet tendance: « mérite » de la proverbiale beauté de l’actrice, véritable sex-symbol; une beauté éclatante, indéniable et objective, désormais destinée à la vie (espérons-le) à un homme qui n’est pas nous.

Cela suffirait à lui seul à donner la mesure du désaccord des propos « Les gens me voient belle et je ne peux pas comprendre (…) Il m’a fallu toute une vie pour accepter mon visage » prononcés par l’ancienne Miss Italie en dernier entretien remis au Courrier. Des déclarations jugées hypocrites au point de soulever un vide sanitaire sur le net. Et vous vous retrouvez au centre de récriminations qui racontent à quel point la sacro-sainte bataille pour le corps positif – vers laquelle ces énoncés finissent par converger, quoique de manière non explicite – risque de glisser vers une dérive paradoxale. Pour plusieurs raisons.

Le premier paradoxe est lié à la cohérence. Pour des raisons de réalité, en effet, si la campagne pour le body positivity qui a éclaté ces dernières années nous avait vraiment appris quelque chose, il faudrait savoir que l’acceptation de soi et de son corps ne passe pas par l’adhésion (fortuite) à des stéréotypes de beauté ou pas. , mais au contraire elle a des raisons beaucoup plus profondes, plus intimes. Que cette adhésion n’existe pas, ou qu’elle se produise au contraire, comme dans le cas de Myriam. C’est pourquoi il est hypocrite d’accuser Miriam d’hypocrisie à son tour lorsqu’elle dit qu’elle n’est « jamais contente de son apparence » (« J’imagine le traumatisme. Des années d’analyse pour s’accepter et se regarder dans le miroir », la taquinait quelqu’un) .

En revanche, ceux qui boudent le nez aux propos de l’ex ont tout autant de raisons de vendre Manquer car il flaire un clin d’œil (jamais déclaré, il faut le préciser) à la course à la « normalisation » qui est désormais un viatique de l’empathie des stars envers les captatio benevolentiae des soi-disant « gens ordinaires ». Bref, du marketing pur autour de l’estime de soi des autres, qui est désormais partout et qui engendre le second paradoxe : l’exaspération d’un combat légitime et sacro-saint, qui pourtant, en dépassant ses excès, risque de banaliser les concepts voire de rendre les message contre-productif.

Peu de commentaires en faveur de Leone sont arrivés dans ces heures. « Le fait que Miriam Leone soit belle ne signifie pas qu’elle ne pouvait pas s’accepter avec difficulté. Rappelons-nous que nous n’avons pas tous la même perception de qui nous sommes », écrit quelqu’un sur Twitter. « Je n’ai pas compris : maintenant Miriam Leone ne peut pas se plaindre de ce qui était un défaut pour elle parce qu’elle est belle ? Il faut que tu guérisses ta méchanceté », fait écho quelqu’un d’autre. Mais les messages de soutien sont sporadiques : les railleries sont les maîtres.

Et qui n’est pas

Des ricanements qui, dans de nombreux cas, sont le résultat d’une répulsion envers la manière dont la positivité corporelle pousse désormais à la pure commercialisation de l’estime de soi. Un véritable appât (amorçage, éd), selon plusieurs. « Pour moi, cette mode des ‘VIP’ à raconter des événements du passé pour envoyer des messages positifs aux gens ordinaires m’a un peu fatigué ! », écrit, sans surprise, quelqu’un. « Arrêtez cette tentative de ‘normalisation’, ne faites que provoquer l’effet inverse… c’est-à-dire rendre encore plus ridicules ceux qui ont vraiment un problème ! », ajoute quelqu’un d’autre. « Et rien, c’est très à la mode de dire à quel point c’est difficile de s’accepter », écho d’autres.

Il faut dire que, dans le cas de Miriam, si cet « appâtage » avait été fait intentionnellement, il s’agissait plus d’un refoulement que d’une sollicitation. En effet, difficile de penser que le titre de Corriere della Sera puisse profiter à l’image de l’actrice en terme d’empathie (Miriam Leone : « L’Italie me manque pour mes sourcils : ils m’appelaient Elio et Le Storie Tese », lire dimanche matin, ndlr).

L’effet boomerang de la positivité corporelle

À quel point l’exaspération en termes de body positive wink a atteint son apogée, ressort d’une histoire qui s’est déroulée cet été. En effet, à la mi-août, une marque de cosmétiques bien connue a proposé un défi Instagram (ou défi, comme disent les cools) pour l’acceptation de leurs défauts, impliquant les plus célèbres (et, dans de nombreux cas, les plus belles stéréotypées). ) influenceurs. Des défauts qui, de nombreux adeptes l’ont souligné, étaient en fait un peu piétinés en faveur de la stratégie. Il y a ceux qui « serraient » leurs cuisses pour tenter d’éliminer la cellulite, ceux qui montraient de minuscules cicatrices sur leur jambe puis tournaient sur eux-mêmes, montrant un physique parfaitement tonique et harmonieux.

Dommage qu’en « normalisant » quelque chose qui est déjà « normal » (là où la normalité existe), on risque de dramatiser davantage ce qui n’est pas dramatique et, surtout, ce qui est vraiment dramatique.

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