Lorsque l’atterrissage d’urgence de deux pilotes d’aviation chinois s’est soldé par une vidéo sur Twitter, à l’autre bout du monde, en France, les services de renseignement ont entrepris des démarches pour retrouver l’identité de l’aîné des deux militaires de Pékin, vraisemblablement le moniteur du plus jeune : son accent trahissait des origines transalpines. Et en effet, comme reconstruit d’après le journal Le Figaro, il s’agit d’un vétéran de l’armée française, ancien officier de l’armée de l’air de Paris « recruté à grands frais pour accélérer la formation des pilotes chinois ». Un cas qui ne serait pas isolé, comme en témoigne la récente alerte de sécurité lancée par le Royaume-Uni.
Les services secrets de Londres ont informations selon laquelle au moins trente anciens pilotes de la RAF, l’armée de l’air réputée de l’armée britannique, ont été recrutés par la Chine pour former leurs pilotes. Les 007 de Sa Majesté ils ont exprimé « leur inquiétude et leur désapprobation » de ce recrutement, car il représenterait « une menace pour les intérêts du Royaume-Uni et de l’Occident ». Bien que la réglementation britannique n’interdise pas explicitement aux pilotes de fournir leurs compétences à l’étranger, le gouvernement prendrait des mesures pour « gérer le risque ».
Le porte-avions chinois Liaoning
Comme nous l’avons dit, ce plan de formation de Pékin ne concerne pas seulement le Royaume-Uni. Le Figaro a recueilli le témoignage d’un ancien aviateur naval français qui s’est vu proposer un contrat d’une valeur d’environ 20 000 euros par mois hors taxes pour coordonner la formation des pilotes en Chine. Le contrat aurait été « blindé » par une société basée en Afrique du Sud. Cette information coïncide avec ce qui a été reconstitué par les services secrets britanniques.
L’intérêt chinois pour les pilotes européens est dicté par certains facteurs. Il y a d’abord le retard « compétitif » de l’aviation de Pékin vis-à-vis de l’Occident. Alors que la Chine dispose d’énormes ressources pour payer le personnel et construire des armements et des véhicules militaires, il lui manque l’expérience opérationnelle dans le domaine que les pays européens et les États-Unis ont développée au fil des décennies. Une pénurie qui égale celle des enseignants, comme en témoignent les rapports d’accidents continus, voire mortels, dans les académies chinoises. D’où l’utilisation d’anciens combattants étrangers. Qui peut « jensegnare « aux pilotes de Pékin » les tactiques utilisées par les forces aériennes de l’OTAN ».
L’enjeu concerne notamment les porte-avions : la Chine n’a acquis un navire de ce type qu’en 2012, en en achetant un à l’Ukraine. Selon le magazine chinois Ordnance industry science technology, Pékin s’est fixé pour objectif de former entre 100 et 150 aviateurs navals supplémentaires au cours de la prochaine décennie. Sans groupements tactiques de ce type, il est difficile de penser que la Chine puisse avoir la moindre chance de succès avec les forces américaines dans le Pacifique dans une guerre potentielle pour Taiwan. Le président Xi Jinping a clairement indiqué que Pékin souhaitait la « réunification » de l’île avec la patrie, même « par la force », si nécessaire.