Usa, ce que risque Biden dans l’affaire des documents confidentiels retrouvés chez lui

Le président américain Joe Biden voit en péril sa candidature aux élections présidentielles de 2024. Le locataire démocrate de la Maison Blanche est le protagoniste d’une saga sur des documents secrets retrouvés dans ses bureaux et ses résidences. Et il y a un risque très élevé : l’histoire de Biden, très similaire à celle de son prédécesseur Donald Trump, pourrait causer un préjudice politique à l’actuel locataire de la Maison Blanche.

Ce qui se passe

L’histoire alimente le débat politique américain depuis quelques semaines. Le dernier épisode en date remonte à la semaine dernière, lorsque des agents du FBI ont mené une perquisition au domicile du président à Wilmington, Delaware le 20 janvier : ici les fédéraux ont trouvé six autres documents classifiés (du terme ‘classified’ en anglais : les documents sont donc confidentiels , mais ne bénéficient pas du plus haut degré de confidentialité), qui n’ont pas été restituées aux autorités à la fin de sa vice-présidence, en 2017. Les agents ont également trouvé quelques notes de Biden, relatives également à la période de la vice-présidence pendant l’administration de Barack Obama. La nature des cartes révélées vendredi dernier n’a pas été précisée. Le point est cependant d’ordre juridique : les documents classifiés ne peuvent être emportés et doivent être remis aux Archives nationales par chaque administration à la fin de son mandat.

Ce sont les derniers documents d’une grande série que le Fédéral, sur recommandation du procureur spécial Robert Hur (nommé par le secrétaire à la justice Merrick Garland), a trouvé dans les locaux de la résidence présidentielle. D’autres papiers avaient été retrouvés il y a une dizaine de jours, tandis que d’autres documents avaient été retrouvés en novembre, dans un bureau d’un de ses centres de recherche à Washington. Les élections de mi-mandat n’étaient plus qu’à quelques jours et la nouvelle de la découverte des papiers confidentiels n’était pas tombée : il était trop dangereux de compromettre le vote, qui a déjà vu la conquête de la Chambre par les républicains.

L’histoire rappelle l’affaire Trump

L’histoire présente plusieurs similitudes avec celle des documents confidentiels retrouvés dans certaines résidences privées de l’ancien président Donald Trump. Cependant, il existe une différence substantielle entre les deux cas. Ce sont précisément les avocats de Biden qui ont signalé au ministère de la Justice la présence de documents confidentiels dans la résidence privée du président américain, offrant leur collaboration pour de nouvelles recherches. L’attitude collaborative n’a donc pas nécessité le recours à un mandat d’un magistrat.

Les avocats de Biden soulignent ainsi les différences juridiques avec l’affaire qui a vu l’ancien président Trump comme protagoniste : l’actuel locataire de la Maison Blanche, contrairement à son prédécesseur, n’a pas délibérément volé les documents et a immédiatement signalé leur possession, lorsqu’il a découvert qu’il les avait.

La transparence est la clé pour comprendre les différences avec le cas de Trump. En effet, l’ancien président, à la fin de son mandat, avait apporté avec lui des papiers confidentiels à sa résidence de Mar a Lago.Après leur découverte, Trump a toujours maintenu une attitude hostile envers les contrôles et les perquisitions dans sa résidence en Floride, refusant retourner les documents aux Archives nationales.

L’histoire, évidemment, a été instrumentalisée politiquement par les républicains et par les différents opposants à Biden, à commencer par Trump. Cependant, le président s’est dit « surpris » par la présence de documents confidentiels à son domicile. Une déclaration qui s’inscrit dans un contexte juridique large. C’est une infraction pénale de conserver des documents confidentiels, qui doivent être conservés aux Archives nationales, si les documents sont sciemment retirés et conservés dans des endroits non autorisés. Cependant, il est difficile pour les autorités de démontrer le retrait conscient de documents par des membres de l’administration.

Les lourdes conséquences pour Biden

Les nouvelles révélations surviennent alors que l’administration Biden se prépare à faire face à son premier abandon majeur depuis son entrée en fonction il y a exactement deux ans. Ron Klain, le directeur de cabinet du président, s’apprêterait à démissionner, probablement après le discours sur l’état de l’Union que prononcera Biden le 7 février. La décision aurait été prise par Klain après les élections de mi-mandat de novembre dernier et n’a rien à voir avec l’affaire des documents confidentiels dans la maison de Biden. Klain, 61 ans, est considéré comme un intime de longue date du président, ayant d’abord travaillé à ses côtés pendant le mandat de Biden en tant que sénateur, puis au début de son mandat de vice-président sous Barack Obama. À sa place, l’administration Biden prévoit de nommer Jeff Zients chef de cabinet de la Maison Blanche.

Biden fait donc face à un séisme interne. Outre la démission de Klain, le président américain s’apprête à relever le plus grand défi politique depuis le début de son mandat, au moment même où il s’apprête à lancer sa renomination en 2024. Pourtant, les démocrates s’alignent à ses côtés. Les camarades du parti ont défendu le président, louant le comportement coopératif des avocats de Biden avec le ministère de la Justice, alors que la recherche d’autres documents classifiés se poursuit.

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